Démocratie à réinventer, l'éditorial de Patrick
Le Hyaric
Le nauséabond climat qui flotte depuis des
années sur notre pays ne cesse malheureusement de s’enrichir à droite
d’épisodes faits de scandales, de coups bas, tordus, d’élections internes
truquées, d’argent qui sert à rémunérer les copains, de corruption, d’écoutes
des uns et des autres, jusqu’aux réunions de l’ancien président de la
République.
La dénonciation de « pseudo-complot » après
cela ne vise qu’à camoufler les faits. Et les faits sont d’une extrême gravité.
Mais suffirait-il de s’en tenir là ? Non ! La corruption, les mensonges, le
refus du débat d’idées et d’options politiques et économiques, la tromperie ne
sont malheureusement pas une exclusivité de la droite et atteignent désormais
la République au point de la mettre en cause. Dès lors que l’argent est devenu
roi, que l’on a créé les conditions pour que le président de la République
décide de tout, pour qu’il soit élu tous les cinq ans avant les députés,
faisant ainsi dépendre leur élection de la sienne pour ensuite s’aligner sans
coup férir sur les injonctions européo-libérales, la République est de plus en
plus malmenée. Pire, le système nourrit désormais en son sein l’irrationnel
extrémisme de droite, avec tous les dangers qu’il recèle, comme on le voit
désormais depuis des mois. Le profond discrédit du président de la République,
qui a laissé croire qu’il allait « inverser la courbe du chômage » et qui
utilise l’argument du rétablissement des comptes publics pour mieux augmenter
les impôts des moins fortunés, alors qu’il donne de nouveaux cadeaux à un grand
patronat qui ne cesse d’en réclamer, sans contrepartie, ajoute encore à la
décrépitude de la République mise à mal, car ses fondements dont ceux de
l’égalité et de la justice sont sapés. La question d’un nouvel âge de la
démocratie, d’une nouvelle République permettant aux citoyennes et aux citoyens
de prendre leur destin en main doit être posée avec force. Elle devrait être au
coeur des enjeux des débats politiques à venir. Elle s’y trouve dès les
élections municipales à venir, à un moment où le pouvoir réduit les
possibilités pour les collectivités territoriales de choisir librement leur
destin en imposant des concentrations de collectivités et en réduisant leurs
moyens financiers au nom du prétendu équilibre des comptes publics qu’imposent
les traités européens.
Le vote des élections municipales doit aussi
être contre les choix d’austérité en faveur de services publics efficaces, à
commencer par les services publics communaux et pour une démocratie communale
vivante, donc à rénover elle aussi pour permettre aux citoyens d’être entendus
et respectés tout au long d’un mandat. Ces débats sont d’autant plus
indispensables que le bruit des « affaires » fait passer sous silence les
nouvelles injonctions de la Commission de Bruxelles qui a placé notre pays sous
« surveillance renforcée ». En fait, la Commission européenne appelle
vigoureusement notre pays à inverser la courbe de « la diminution constante de
la compétitivité » et, pour cela, elle considère le « coût du travail »,
c’est-à-dire les salaires « trop élevés » car cela « obère les marges
bénéficiaires des entreprises ».
Selon elle, la rigidité de nos salaires « ne
permet pas aux entreprises de s’adapter en cas de choc ». Elle considère que le
cadeau du « crédit impôt pour la compétitivité et l’emploi » ne diminue pas
assez le « coût du travail ». Ce genre de recommandations sert au gouvernement
à amplifier encore ses choix désastreux, inclus dans le projet de « pacte de
responsabilité ». Ils se résument simplement à : tout pour le capital, rien
pour le travail et les travailleurs. La baisse des prétendues « charges » ne
sert en fait qu’à augmenter la rente des propriétaires et actionnaires des
entreprises, sous forme de « dividendes » et le système financier avec des taux
d’intérêt exorbitants du crédit.
Voilà qui abîme sans cesse notre République
qui ne peut porter son nom que si elle est sociale, solidaire, porteuse de
progrès humains et environnementaux, respectueuse de la souveraineté populaire.
Or, à l’opposé des grands combats de Jean Jaurès, le pouvoir, issu du Parti
socialiste, organise la régression sociale et démocratique et se place sous le
coup des directives européennes, alors que dans l’intérêt des populations et
des salariés, il devrait leur résister.
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