dimanche 9 février 2014

Discours Alexis Tsipras au siège du PCF

Alexis Tsipras
Candidat de la gauche à la présidence de la Commission européenne
Paris, le 3 février 2013

SEUL LE PRONONCE FAIT FOI

Amis et camarades,

C’est un vrai plaisir pour moi qu’une des premières étapes de notre campagne pour les européennes et pour ma candidature au nom du Parti de la Gauche Européenne, se déroule ici à Paris.

Le Paris des grandes luttes sociales, des grandes révolutions et des grands bouleversements.
Une révolution similaire, pacifique, un grand bouleversement est nécessaire pour les peuples d’Europe aujourd’hui. Parce que l’Union Européenne a besoin d'une réorientation radicale de ses politiques.
Cela nécessite un grand changement du rapport des forces, quelque chose qui constituera un premier pas vers un virage radical à gauche.
Pour sa refondation.
Et pour son retour aux valeurs de solidarité, de démocratie et de cohésion sociale.

Nous sommes aujourd’hui ici, tous et toutes ensemble, compagnons de route de ce grand, difficile, mais aussi fascinant voyage de l’espoir et du changement.
Pour changer l’Europe.
Pour changer notre vie.

Et afin de changer l’Europe il faut l’immerger de nouveau dans les principes et les valeurs des Lumières.
Dans les impératifs politiques de la Révolution Française.
Dans le radicalisme, toujours pertinent aujourd'hui, du gouvernement Herriot – le gouvernement de coalition du peuple de la Gauche.
Qui, au début des années ’20, a mené la bataille contre les Banquiers voraces.
Contre «le mur de l’argent» que la Banque de France avait bâti face aux réformes économiques et sociales de son gouvernement.

Et, aujourd’hui, un nouveau «mur de l’argent» est bâti en Europe par le néolibéralisme et son « gros bras » – la soi-disante «Banque Centrale Européenne»
Qui est seulement la réplique parfaite de la Bundesbank.

Un «mur de l’argent» qui ne stabilise pas mais, au contraire, menace la zone euro.
Et favorise les antagonismes nationaux.
Economiques et aussi sociaux.
Desquels sont sorties deux guerres sanglantes pour l’Europe
Elles ont éclaté, la première il y a exactement 100 ans
En 1914
Et la deuxième, il y a 75 ans
En 1939

Nous devons reconstruire l’Europe.

En démolissant ce nouveau mur de division
Entre le Nord riche avec les excédents commerciaux
Et le pauvre Sud avec les déficits commerciaux
Entre créanciers et emprunteurs

En démolissant le nouveau mur européen qui divise nos sociétés
En sociétés des "deux tiers"
C’est-à-dire, en sociétés dont les deux tiers souffrent en permanence à cause de l’austérité
Se trouvant à la limite de la survie
Et au même moment,
Un tiers se comporte comme s’il n’y avait pas de crise
Il s’enrichit par et pendant la crise

Beaucoup pensent que nous sommes excessivement optimistes ou, même, des marchands de mots.
Ils nous disent : vous n’êtes pas capables de gagner face à de si énormes adversaires, les banques et les marchés.
Mais nous le savons bien que nous pouvons envahir la Bastille du néolibéralisme global, qu'est l’actuelle Europe néolibérale.

Tout ce qu’il faut c'est profiter de la sagesse de l’expérience collective, accumulée par des années de luttes sociales des peuples d’Europe. Tout ce qu’il faut c'est d’évaluer de manière critique les leçons  des gouvernements importants de la Gauche au 20ème siècle.
Comme, par exemple, le Front Populaire en 1936
Ou le gouvernement du «programme commun de la Gauche» en 1981. 
Aujourd’hui, certainement, les conditions de 1981 sont, malheureusement, renversées.
Les socialistes rejettent leurs mandats progressistes
Et, au contraire, ils sont les «co-managers» du consensus néolibéral, ensemble avec Madame Merkel.
Or, nous sommes obligés de leur demander avec force:
Aux côtés de quelle Europe êtes-vous ?

Êtes-vous avec l’Europe des marchés et du capital, ou avec l’Europe de peuples?

L’Europe de l’austérité qui divise entre Nord et Sud, par quelque frontières virtuelles au long du Rhin, ou avec l’Europe de la cohésion sociale et de la solidarité qui unit tous les peuples ?

C’est ça le dilemme.

Et ce dilemme est symbolisé aujourd’hui en Europe, d’un côté par Mme Merkel et ses soutiens et, de l’autre côté, par SYRIZA et le Parti de la Gauche Européenne.
Et quand on arrive à ce dilemme, on ne peut pas être à bord de deux bateaux à la fois.
Qui propose de le faire finira dans les eaux.

Notre but est de réunifier l’Europe, cette Europe que le néolibéralisme aujourd’hui divise.

Unies
Toutes les forces de la Gauche partout
Parce que ce qui compte pour la gauche aujourd’hui c’est tout ce qui unit
Et nous, pour réunifier l’Europe, il faut d’abord unir nos forces

Nous l’avons fait en Grèce grâce à SYRIZA.
Et cette unité a créé une, inattendue même pour nous, dynamique sociale et politique, autosuffisante et forte

Nous pouvons, tous et toutes ensemble, changer l’Europe.
Nous pouvons travailler pour une Europe démocratique, sociale et écologique.

Avec des priorités:

§                                 L’arrêt immédiat de l’austérité et l’annulation des memoranda. Pour arrêter la redistribution la plus violente des revenus, de la richesse et du pouvoir, contre le monde du travail et en faveur du capital.

§                                 La refondation démocratique de la zone euro. Afin que la Banque Centrale Européenne devienne un véritable banque centrale, à savoir, un créancier de dernier ressort pas seulement pour les banques mais aussi pour les Etats.

§                                 Une Conférence Européenne sur la Dette. Pour une solution collective et solidaire au surdettement dans la zone euro.

§                                 Un «New Deal» européen. Pour le développement équilibré et durable du Continent

§                                 La transformation écologique de la production

§                                 La réforme du «cadre» européen sur l’immigration

Chers amis, Chers camarades

Permettez-moi d’avouer quelque chose que je crois profondément.
Si le gouvernement de François Hollande était différent, toute l’Europe aujourd’hui serait différente.

Mais, au lieu d’être le contrepoids et l’obstacle face au néolibéralisme et «l’Europe allemande», le gouvernement Hollande fonctionne comme le multiplicateur politique du gouvernement Merkel.
Et comme défenseur de la politique la plus à droite que l’Europe n'ait jamais subi.
Parce que dans la photo de famille de la droite Européenne, plus à droite de Madame Thatcher se trouve Madame Merkel.
Et encore plus à droite est Mr. Scheuble.

Ça fait seulement quelques jours
Que François Hollande lui-même
A annoncé des coupes budgétaires de 50 milliards d’euros pour la période 2015 - 2017
C’est-à-dire, austérité qui conduira à la récession, et réduira la - déjà faible - croissance de la France.

Et, puisque l’économie française a un poids spécial en Europe
L’austérité de Mr. Hollande est, pour tous nous dans la zone euro, encore une poussée dans la récession.

Est-il possible que Mr Hollande n’ait rien entendu du débat international sur l’échec de l’austérité en Grèce ?

Il ne voit pas que, la seule chose que l’austérité arrive à faire, est d’approfondir la crise économique en nourrissant  la récession ?
Et de créer, en même temps un problème de Démocratie ?

Parce que du chômage, de la pauvreté et de la difficulté à survivre surviennent la peur et le désespoir
Et, malheureusement, ouvrent les oreilles de plus en plus de personnes au discours politique étroit et diviseur de l’extrême droite populiste .
De l’extrême droite populiste, qui ne représente pas une solution mais, au contraire, est un plus grand danger encore pour les peuples de l’Europe.
Avec un programme politique tellement intolérant qui se limite à l’immigration et au recul de l’intégration de la démocratie dans l’Union Européenne.
Qui dirige la peur générale de la crise vers «l’autre», vers l’étranger, vers le frère.
Les fascistes et les racistes, qui cherchent les votes de ces parties de la population touchées fortement par l’austérité, prétendent que l’immigration est une dimension cruciale de la crise.
Faisant ainsi innocente l’austérité néolibérale 
Car, dans tous les autres champs, l’extrême droite est entièrement néolibérale.
Et c’est pour ça que son fonctionnement politique est celui de la force en réserve tactique du néolibéralisme
C’est un rôle qui, en Grèce, a été prouvé.

Avec l’organisation neo-nazie “Aube Dorée” qui prétend d’être une force anti système, alors qu'elle est en réalité le bras armé du système.
C’est pour cette raison là que, à part Mme Merkel, Mme Lepen doit se féliciter de l’austérité imposée par Mr. Hollande.
Car ça lui offre le carburant dont elle a besoin pour répandre son obscurité partout en Europe.
Le 25 mai, le vrai dilemme est très clair:

D’un côté, les dirigeants  politiques de la crise
Ceux qui appliquent le consensus néolibéral
La politique de la peur, de la récession et du recul de la Démocratie en Europe
La droite, ensemble avec les socio-démocrates de Mr. Hollande et de Mr. Schulz

Et de l’autre côté,  les peuples d’Europe
Qui, indépendamment de leur origine idéologique ou leur préférence partidaire, chacun et chacune,  nous regardent :
La Gauche Européenne de l’espoir et du changement

Et c’est pour cette raison que nous adressons à chaque citoyen actif, chaque démocrate, progressiste, de gauche,  social-démocrate et socialiste
Pour participer aux élections
Pour voter
Parce que si ils ne votent pas, autres vont voter à leur place
Parce que ce sont les simples mathématiques de l’urne
Voter avec son esprit et avec son cœur.

La Gauche Européenne est la seule force crédible de pouvoir alternative au néolibéralisme des conservateurs et de la social-démocratie.
Venir avec nous pour remplacer la peur par l’espoir
Venir avec nous pour reconstruire l’Europe de la démocratie et des droits humains

Amis et camarades,

Aujourd’hui
Avec votre présence combative
Vous avez donné de l’espoir au changement
Vous avez donné de la force à la démocratie
Vous avez donné de la perspective à la Gauche Européenne
Le 25 Mai nous serons la surprise heureuse et positive

Nous serons haut pour lever aussi haut le drapeau de la Démocratie en Europe

Salut et merci à tous et à toutes




Pour le respect des droits des 

femmes en Espagne. 

Intervention de 

Marie-Christine Vergiat

Marie-Christine Vergiat
Députée europée du Front de Gauche
Dans l'Union européenne, seuls trois pays ont des législations très restrictives en matière d'avortement.
À Malte, l'avortement est totalement interdit, en Irlande la législation a très légèrement évolué, en Pologne une tentative de régression supplémentaire vient d'échouer.
La proposition du gouvernement espagnol renverrait les femmes 30 ans en arrière.
Restreindre le droit à l'avortement n'a jamais fait diminuer le nombre d'avortements. Il renvoie les femmes les plus pauvres à la misère des avortements clandestins au mépris de leur droit à la santé et même de leur droit à la vie.
L'avortement clandestin est une violence pour toutes les femmes.
Les femmes doivent avoir la liberté de disposer de leurs corps.
Nul n'est obligé d'avorter. Nul ne doit pouvoir imposer ces choix, notamment religieux, à l'ensemble des femmes d'un pays. Le lobbying de groupes ultraréactionnaires qui pratique le mensonge comme méthode de conviction est indigne de nos démocraties. On sait où est l'idéologie. On sait où est le respect des droits des femmes.
Faire reculer les droits des femmes, c'est faire régresser l'ensemble de la société.

Rejeter tout le marché transatlantique

Parick LE HYARIC


J’ai alerté ici même à plusieurs reprises et dans un ouvrage (Marché transatlantique : Dracula contre les peuples) sur les lourds dangers qu’induit le projet de création d’un marché unique entre les Etats-Unis et l’Union européenne. Depuis des mois, des syndicats, des associations de consommateurs, des mouvements citoyens, des élus progressistes éclairent sur ces dangers des deux côtés de l’Atlantique. Le projet est en effet une machine de guerre d’une puissance inégalée jusque là contre le monde du travail, les consommateurs, les assurés sociaux et contre nos systèmes productifs industriels et agricoles.

Le projet consiste à la fois à supprimer tous les mécanismes de protection aux frontières et à abaisser tous les droits sociaux et environnementaux. Et pour une part ceci se ferait par une mécanique infernale en dehors des parlements et des gouvernements, en violation des lois, code du travail, code pénal ou civil, code environnemental que se donnent les Etats – Nations, celui de la création de tribunaux arbitraux privés, permettant à des sociétés transnationales de poursuivre un Etat, dés lors qu’elles considéreraient que les législations des pays iraient à l’encontre de leurs intérêts de rentabilité et de profit. Ainsi, caché dans les dernières lignes du mandat de négociation européen, sous le chapitre intitulé « Cadre institutionnel et dispositions finales », il est indiqué que l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les Etats-Unis « comprendra un mécanisme de règlement des différents approprié ». Plus loin, dans la partie concernant le commerce des services et la protection des investissements, on peut lire que l’accord « devrait viser à inclure un mécanisme de règlement des différends investisseurs-Etats efficace ». Ce mécanisme antidémocratique est déjà présent dans certains accords de libre-échange. Il a déjà permis à des entreprises européennes de poursuivre l’Egypte contre l’augmentation du salaire minimum ou le Pérou parce que celui-ci limitait l’émission de gaz toxiques ou des entreprises américaines du pétrole poursuivant le Canada parce qu’il veut enlever des substances toxiques dans les carburants. Autres exemples : en Uruguay comme en Australie, le géant du tabac Philip Morris, basé aux Etats-Unis a mené des poursuites contre les avertissements sanitaires sur les paquets de cigarettes. La multinationale suédoise de l’énergie Vattenfall réclame 3,7 milliards d’euros à l’Allemagne, suite à sa décision d’abandonner l’énergie nucléaire.

Sans rien demander à personne et dans le plus grand secret, la Commission européenne s’est elle-même donnée son mandat de négociation, dans lequel est prévu ce système de tribunal privé contre le droit que se donnent les Etats. Mais voici que la pression qui commence à monter de toute part, vient d’obliger le commissaire européen chargé de négocier avec les dirigeants européens, à prendre en compte, il y a quelques jours, ce mouvement et à suspendre pour quelques mois les négociations pour dit-il « trouver le bon équilibre entre la protection des intérêts des investisseurs européens et la préservation du droit gouvernemental à réglementer l’intérêt public ». Cela le contraint à organiser enfin une consultation publique jusqu’au mois de juin. C’est une nouveauté puisque le mandat de négociation était jusque là classé « diffusion restreinte »(1). Nous ne sommes évidemment pas dupes. Il s’agit ici pour la Commission européenne de tenter de passer les élections européennes à venir sans que le sujet ne mette le feu à la prairie du capital et des sociétés multinationales. Précisément, cela prouve que la mobilisation populaire et le relais de parlementaires qui ont fait éclater au grand jour cet enjeu qui, jusque là, était totalement caché, est utile aux citoyens et aux intérêts populaires.

Raison de plus pour enfoncer le clou, continuer de se mobiliser et choisir, aux élections européennes, le 25 mai, des parlementaires sur qui on peut réellement compter. Il faut d’autant moins baisser la garde que le traité de Lisbonne, en application depuis décembre 2009, donne à la Commission une compétence exclusive sur ces sujets. Le rapport de forces au parlement européen sera donc décisif. Evidemment, après cette décision, il ne manquera pas de députés européens qui déclareront que telle était leur position. Mais pourquoi alors ne disaient-ils rien jusque là ou votaient-ils les textes allant en ce sens ?
Voici un premier recul qu’il faudra donc conforter dans l’action et dans les urnes.


(1) Je révèlele contenu de ce texte dans le livre : Marché transatlantique : Dracula contre les peuples (éditions de l’Humanité).

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