jeudi 17 mars 2016


Article 13 de l’avant-projet El Khomri: une très discrète bombe à retardement

Publié le  
Article de Jean-Charles Mirande, avocat au barreau de Paris et Hervé Tourniquet, avocat au barreau des Hauts-de-Seine publié par l’Humanité le 11 mars 2016. Cet article 13 de l’avant projet de loi constitue une des plus graves régressions juridiques portées par le texte et justifie, à lui seul, le retrait du projet entier.

Tandis que les grandes manœuvres se poursuivent du côté du gouvernement pour tenter de rallier à sa cause quelques organisations syndicales au soutien de son avant-projet de loi de réforme du Code du travail et que l’on égrène les articles sur lesquels des « concessions » pourraient intervenir, il est un article de cet avant-projet, l’article 13, passé jusque-là inaperçu, qui constitue pourtant une des plus graves régressions juridiques portées par le texte.
L’article 13 dispose ainsi:« Lorsqu’un accord d’entreprise est conclu en vue de la préservation ou du développement de l’emploi, ses stipulations se substituent de plein droit aux clauses contraires et incompatibles du contrat de travail, y compris en matière de rémunération et de durée du travail.  
L’accord mentionné au premier alinéa ne peut avoir pour effet de diminuer la rémunération mensuelle du salarié.
Le salarié peut refuser la modification de son contrat de travail résultant de l’application de l’accord mentionné au premier alinéa. Ce refus doit être écrit.
Si l’employeur engage une procédure de licenciement à l’encontre du salarié ayant refusé l’application de l’accord mentionné au premier alinéa, ce licenciement ne constitue pas un licenciement pour motif économique et repose sur une cause réelle et sérieuse. Il est soumis aux dispositions relatives à la rupture du contrat de travail pour motif personnel. »
Ainsi, en quelques lignes, cet article anéantit trois des principaux piliers de la construction du droit du travail au cours des quarante dernières années.
Premier pilier: l’ordre public social de protection
Ce principe, depuis des décennies, garantit au salarié, en cas de conflit entre les différentes normes qui s’appliquent à sa situation (loi, convention ou accord collectif, contrat de travail), que la disposition la plus favorable sera appliquée.
Le nouveau texte prévoit que l’accord collectif, dont on peut craindre qu’il puisse aisément intervenir sous la pression du chantage aux licenciements ou à la fermeture de l’entreprise, permettra à l’employeur d’imposer les clauses de l’accord, moins favorables que celles convenues à l’occasion de la signature de son contrat, ou fixées par la convention collective ou la loi, qui, jusque-là, était considérée comme le garde-fou minimal des droits des salariés.
A priori, l’accord ne peut diminuer la rémunération mensuelle…
A priori seulement dès lors qu’il est au surplus prévu qu’« un décret définit la rémunération mensuelle » évoquée par le texte.
Cette formule, inutile dès lors que le « salaire mensuel » est aujourd’hui parfaitement défini comme l’ensemble des rémunérations, fixes et variables versées au salarié en contrepartie de son travail, laisse craindre une restriction de la définition du salaire à la seule rémunération fixe…
Au-delà, si le salaire ne peut être modifié, il peut en revanche être procédé à l’augmentation du temps de travail.
Ainsi un nouveau principe voit le jour: travailler plus pour gagner autant…
Deuxième pilier: le contrôle du motif économique par le juge
Jusqu’à ce jour, lorsqu’un salarié était licencié pour avoir refusé une modification de son contrat de travail, le contrôle du juge portait sur la véritable cause du licenciement qui n’est évidemment pas le refus du salarié mais le motif économique de la proposition faite par l’employeur.
Ce nouveau type d’accord conduira le salarié réfractaire à être licencié pour le « motif réel et sérieux » d’avoir refusé la modification de son contrat de travail.
En outre, l’employeur n’aura plus à justifier d’un quelconque motif économique de sorte que tout contrôle du juge sera anéanti.
Autant dire en pratique que la signature de l’accord d’entreprise autorisera tous les licenciements sans motif face au refus du salarié et, en conséquence, tous les abus.
Troisième pilier: le plan de sauvegarde de l’emploi
En effet, si plus de 10 salariés refusent la modification de leur contrat de travail, l’employeur devait jusque-là mettre en œuvre toutes les mesures susceptibles de préserver l’emploi et, au pire, accompagner utilement les licenciements par des mesures de reclassement et de soutien indemnitaire.
Désormais aucun plan social préalable ne sera nécessaire, aucune discussion avec les représentants du personnel et l’administration du travail ne seront utiles, puisque les salariés seront licenciés selon la procédure individuelle de licenciement pour motif non économique. Exit également, bien entendu, l’obligation de reclassement et toute indemnité complémentaire.
Ce dispositif singulier est évidemment contradictoire et paradoxal à l’heure où l’on prétend encourager la sécurité tout autant que la « flexibilité ».
On observera la filiation de ce dispositif:
– d’une part, avec l’ANI et la loi Sapin du 14 juin 2013 dite de « sécurisation de l’emploi », plus précisément de son article 15 qui crée les « accords de maintien de l’emploi ».
Ces accords étaient à durée limitée, ils devaient être justifiés par de graves difficultés économiques selon un diagnostic partagé par l’employeur et les organisations syndicales et contenir un engagement de maintien de l’emploi.
C’était sans doute encore trop demander. Raison pour laquelle, avec ces nouveaux accords dits de « préservation et de développement de l’emploi », les employeurs n’auront plus à s’embarrasser de l’existence de graves difficultés économiques, d’un diagnostic partagé avec les organisations syndicales, d’un engagement de maintien des emplois, de l’effort partagé entre les salariés et l’entreprise, en ce compris ses dirigeants et d’une durée déterminée et plafonnée ;
– d’autre part, sans que, malheureusement, cette curieuse confusion ne surprenne plus personne, avec les fameux « accords de compétitivité emploi » que M. Sarkozy voulait introduire dans le Code du travail, sans en avoir eu le temps en 2012.
L’article 13 de l’avant-projet de loi El Khomri en est la reprise pure et simple « décomplexée »…
Ainsi le gouvernement de François Hollande fera ce dont Nicolas Sarkozy avait rêvé.
Le lecteur aura compris que le gouvernement pourrait reculer, et le Medef s’accommoder de la disparition des dispositions de l’article 30 bis consacré à la nouvelle définition du motif économique du licenciement tout particulièrement contesté.
L’article 13 permettra en effet aux entreprises de s’affranchir purement et simplement de sa définition actuelle…
Cet article, par sa gravité, les menaces et les bouleversements qu’il engendrerait, justifie, à lui seul, le retrait de l’entier projet.


vendredi 11 mars 2016



Île-de-France. Une cure de restrictions «jamais vue»

JULIA HAMLAOUI
MARDI, 8 MARS, 2016
L'HUMANITÉPhoto : Éric Feferberg/AFP
Avant que les élus n’en prennent connaissance, la présidente «Les Républicains» de la région, Valérie Pécresse, a annoncé dans la presse les grandes lignes de son prochain budget, contesté par la gauche.
«Une économie, jamais vue, de 120 millions d’euros sur un an. » Valérie Pécresse, présidente « Les Républicains » d’Île-de-France, n’est pas peu fière des coupes claires prévues dans son prochain budget, qui ne doit pas être présenté aux élus avant vendredi en commission et, officiellement, avant une dizaine de jours. C’est « plus de 5 % » du budget de fonctionnement que l’ancienne ministre du Budget de Nicolas Sarkozy entend sabrer, a-t-elle annoncé hier dans le Figaro. Et c’est à l’ancienne majorité de gauche que la nouvelle présidente fait porter la responsabilité de sa propre politique : « La situation financière est catastrophique. Tout doit être remis à plat. Il y avait un trou dans la caisse de 440 millions d’euros », a- t-elle argué, hier. « Avec Mme Pécresse, c’est, un coup, 500 millions; un coup, 300 millions de trou, et c’est toujours de la faute du (titre de transport – NDLR) Navigo unique. Mais on attend toujours les éléments budgétaires relatifs à cette situation », rétorque Gilbert Cuzou, conseiller régional PS. Pour la présidente du groupe Front de gauche à la région, Céline Malaisé, « la vraie difficulté, c’est la baisse des dotations de l’État, qui représente 120 à 130 millions pour 2016 justement, mais la majorité ne semble pas vouloir le dire trop fort ».

Subventions revues à la baisse

Se vantant, avec des accents de revanche, de commencer une « chasse au gaspillage », Valérie Pécresse a détaillé les mesures phares de sa cure de restriction. Sous couvert d’efficacité, les dotations et subventions accordées par la région devraient être revues à la baisse dans plusieurs domaines. Ce sont d’abord les « 31 organismes associés à la région » qui vont en faire les frais, puisqu’elle entend « les fusionner », après avoir réduit leur dotation de 10 %. « Pour l’Orchestre national d’Île-de-France, par exemple, l’économie demandée représente la suppression de 10 à 15 concerts par an », constate Céliné Malaisé, qui représente la région au sein de cet organisme.
Dans la droite ligne de la campagne « LR » de décembre, qui proposait notamment de supprimer la subvention de Sortir du colonialisme, organisateur chaque année d’une semaine contre le racisme, la présidente du conseil régional veut arrêter de financer tant les « associations n’ayant pas fourni de compte rendu d’activité », que le « peuple sarayaku » en Équateur, par exemple, passant par la même trappe une partie de la solidarité locale et la coopération internationale. Mais c’est aussi le service Jeunes Violences Écoute qui devrait être supprimé, au prétexte qu’il coûte, selon elle, « 1 million d’euros par an pour dix appels par jour ». « Tout est vu au travers du prisme du coût et non pas du bénéfice social », déplore Céline Malaisé.

Inégalités, exclusion

En retour de ce plan drastique, l’ancienne ministre du Budget a aussi annoncé l’augmentation des investissements de la région de 70 millions d’euros (reste 50 millions qui disparaissent bel et bien, au vu des 120 millions d’économies annoncés). Si, dans les priorités fixées, figurent le transport, l’éducation, la culture, les communes rurales (sans détail pour l’heure), le « triplement des crédits à la sécurité », dont « 3 millions d’euros débloqués en urgence pour la sécurisation d’une centaine de lycées », est également à noter.
Défaut de solidarité, inégalités, voire exclusion risquent bien au final de devenir autant de marqueurs de la nouvelle politique régionale : « Nous avons mis fin à l’injustice de la réduction de 75 % dans les transports pour les étrangers en situation irrégulière », assénait hier Valérie Pécresse, en référence à une disposition votée fin janvier avec le soutien du Front national. D’autres mesures sont déjà sous le feu des critiques de la gauche, à l’instar de celles sur le logement : « Quand est annonce pour mars la fin des financements pour les collectivités ayant 30 % de logements sociaux, il s’agit d’une priorité très partisane, alors que 57 % des Franciliens sont éligibles au logement social et très social », lui reproche Gilbert Cuzou.
Quant aux salariés du conseil régional, ils devraient eux aussi servir de variable d’ajustement : « Dans l’attente d’une réorganisation des services », bientôt « décloisonnés et simplifiés », « nous ne remplacerons pas les départs en retraite au siège et je ne renouvellerai pas les CDD », a-t-elle martelé. Bienvenue dans une région où l’austérité règne en maître.
 Pécresse toujours plus à droite... jusqu’à l’extrême
La rédactrice en chef d'un jour
MARDI, 8 MARS, 2016
L'HUMANITÉ
Par Caroline De Haas, militante féministe.
Le programme mis en œuvre par Valérie Pécresse dans la région Île-de-France va bien au-delà des propositions habituelles de la droite. Elle s’approche même dangereusement de l’extrême droite. De fait, depuis 2012, on a le sentiment que l’ensemble de la société glisse peu à peu vers la droite. La gauche perd ses valeurs, la droite court derrière l’extrême droite. Et à la fin, le Front national ramasse la mise.


Bienvenue

Les communistes de POISSY et des communes environnantes, sont heureux de vous accueillir sur ce blog.
Ce blog doit permettre à chacun de pouvoir rester en contact.
N'hesitez pas à nous faire part de vos remarques, suggestions...
Puur nous contacter: poissy.pcf@club-internet.fr
A bientôt
Section PCF POISSY