vendredi 19 mars 2021


Webinaire "Célébration du 150e anniversaire de la Commune de Paris" du CPB, intervention de Lydia Samarbakhsh

Célébration du 150e anniversaire de la Commune de Paris

Lydia Samarbakhsh, membre du Comité exécutif national, responsable du département International

Cher-e-s camarades, cher-e-s ami-e-s,

Je tiens tout d'abord à vous adresser le salut de la direction nationale du PCF et de ses membres, et à remercier très chaleureusement le Parti communiste de Grande-Bretagne et Robert Griffiths, son secrétaire général, ainsi que Liz Payne, John Foster, et Alex Gordon, président du Marx Memorial Library pour cette initiative et l'invitation qui m'a été faite d'y prendre la parole au nom du PCF.

C'est pour nous tous un rendez-vous important car si la pensée et les travaux de Marx retrouvent ces dernières années une vigueur nouvelle dans le champ intellectuel, et particulièrement à l'université, ils restent un enjeu d'appropriation toujours plus large par les femmes et les hommes de notre temps et pour qui vise le dépassement des logiques d'exploitation, de domination et d'aliénation de l'ordre capitaliste existant.

Ce jour anniversaire du décès de Karl Marx correspond en cette année 2021, vous l'avez souligné en décidant d'y consacrer notre rencontre, à un anniversaire important dans l'histoire du mouvement ouvrier international, le 150e anniversaire de la Commune de Paris, mais a lieu aussi dans un contexte mondial de pandémie et de crise sanitaire, économique, sociale, politique d'ampleur inédite mais qui favorise aussi des prises de conscience sur la nature et le sens du système capitaliste quelles qu'en soient les formes dans lesquelles nous y vivons où que ce soit dans le monde.

En France, ce 150e anniversaire se déroule un peu moins de trois ans après un mouvement lui aussi inédit et toujours sous-jacent, celui des « Gilets jaunes » qui, sans le savoir pour beaucoup, reprit à son compte le slogan communard « Le pouvoir au peuple », et qui, lui aussi, fut réprimé très violemment sur ordre du président Macron et de son ministre de l'Intérieur. Pour les classes dominantes françaises qui se sont plus volontiers émues des dégradations d'un monument public que des yeux et bras arrachés par les grenades et flashballs lancés sur les manifestant-e-s par la police, il n'est pas question de commémorer et encore moins de célébrer la Commune.

C'est ainsi que l'un de nos historiens les plus réputés, Pierre Nora, répondit sans ciller sur les antennes d'une radio nationale à la question « Faut-il commémorer le bicentenaire de Napoléon, et la Commune de Paris ? » : « Oui Napoléon, non la Commune ». Pour l'intellectuel de cour en tournée promotionnelle pour un livre de « mémoires », la Commune aurait « perdu sa charge subversive » tandis que Napoléon

« a une dimension tellement historique, qui a eu sur l'Europe une conséquence si positive, il a apporté la révolution dans les pays qu’il a conquis, il est l’héritier fondateur des institutions révolutionnaires. »

Et la Commune ? Pas de dimension historique ? Pas de conséquence – positive, notons bien la nuance –, pas héritière non des institutions mais de la portée révolutionnaire de 1789 ou 1793 ?...

Une, la bataille idéologique fait rage encore en ce 150e anniversaire ; elle se porte sur le front historique et la connaissance des faits, leur interprétation, et sur la ou les représentations de la Commune dans le champ mémoriel et donc politique.

La commémoration de la Commune de Paris est un combat politique. La Commune conserve sa « force propulsive » comme l'écrit mon camarade Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité, en ce qu'elle a « pris, malgré tout, le temps de décider ce que les républicains mettront beaucoup de temps à mettre en œuvre, et pas toujours de façon élargie1 ».

Tout ce qui caractérisa la Commune, elle qui « dans son essence, fut dans son fond la première grande bataille du travail contre le capital » (Jean Jaurès) compose encore de nos jours les champs d'affrontement aigu entre forces du capital et forces du travail et de la création – qu'il s'agisse des enjeux sociaux, des modes et moyens de productions ou de l'enjeu du pouvoir et de la démocratie, qu'il s'agisse de la place et du rôle incontournable des femmes dans la société comme dans le mouvement révolutionnaire – et du potentiel émancipateur des luttes féministes pour dépasser l'ordre capitaliste, qu'il s'agisse de l'exigence d'internationalisme, de laïcité, de fraternité humaine et de paix.

Karl Marx, lui, a vu la Commune surgir, se battre, être écrasée dans le sang ; il en a tiré des analyses, lui comme nombre de révolutionnaires socialistes et anarchistes de l'époque mais, lui, plus que n'importe lequel de ses contemporains et camarades de combat sans doute, hormis certainement Louise Michel, demeure le plus haï et le plus détesté des révolutionnaires par les classes bourgeoises et l’État bourgeois lui-même, encore aujourd'hui. Il en est de même pour la Commune de Paris.

Malgré les 150 ans qui nous séparent de la Commune, elle représente l'épisode révolutionnaire le plus honni de la bourgeoisie française, et – avec la Révolution russe de 1917 – la plus calomniée par les bourgeoisies du monde entier, puisque c'est son pouvoir, son État, ses intérêts de classe qui y furent compromis par une « masse » populaire consciente.

« La révolution communale, commencée par l'initiative populaire du 18 mars, inaugure une ère nouvelle de politique expérimentale, positive, scientifique. C'est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l'exploitation, de l'agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage, la patrie ses malheurs et ses désastres. »

Ces mots de la Déclaration au peuple français du 20 avril 1871, la bourgeoisie les avait parfaitement entendus ; elle y répondit et y répond encore par une haine de classe sans fard ; elle n'a pas besoin, elle ne veut pas, faire semblant.

Ainsi l'ancien ambassadeur de France aux États-Unis ouvrit le bal sur Twitter, il y a 15 jours :

« La Commune de Paris, c'est un insurrection armée contre une Assemblée qui vient juste d’être élue au suffrage universel, qui incendie par esprit de destruction les monuments de la ville, le tout sous l’œil de l’ennemi qui sable le champagne. »

Résumé parfaitement farfelu sur le plan historique mais qui, sur le plan politique, vise un but précis que son collègue, actuel ambassadeur de France en Ukraine, Étienne de Poncins, s'empressa d'expliciter à qui n'aurait pas encore compris :

« La Commune est aussi une préfiguration du totalitarisme communiste soviétique par la terreur et les massacres accomplis. Sur le plan politique, c’était une référence permanente de Lénine pour 1917. »

Effectivement, il n'est pas faux d'y voir une « préfiguration » – mais non du « totalitarisme » (dont il ne faut rien connaître des faits historiques pour le dire ainsi) mais bien de l'enjeu central que Karl Marx énoncera très tôt avec clarté dans La guerre civile en France :

« la classe ouvrière ne peut pas se contenter de s'emparer telle quelle de la machinerie d’État et de la faire fonctionner pour son propre compte. L'instrument politique de son asservissement ne peut servir d'instrument politique de son émancipation. »

Dès lors, il est devenu impératif pour les classes dominantes d'imposer l'idée que la violence, la brutalité, le sang sont le fait des Communards – des forces du travail et de la création qui contestent l'ordre établi, de ceux qui cherchent à l'abolir, de ceux qui tentent l'édification d'un nouvel ordre social, défrichent des voies démocratiques nouvelles... – pas du côté de ceux qui cherchent, par tous les moyens, à entraver ce mouvement historique pour conserver leurs privilèges, et qui pour cela ont tué et sont prêts à tuer de nouveau.

Bien sûr, le tweet de Poncins2 sert à justifier, à l'aune de la morale bourgeoise, la féroce répression du pouvoir à l'encontre de celles et ceux qui alors avaient osé « monter à l'assaut du ciel ». Bien sûr, cela sert à rappeler qu'il en sera toujours ainsi et à imposer l'idée que les peuples en révolution, les communistes, d'hier ou d'aujourd'hui, sont, à l'aune de l'idéologie dominante, des destructeurs, et non des bâtisseurs.

Mais cette représentation fallacieuse de diplomate en mal de reconnaissance a bien pour objectif essentiel de masquer le plus important : c'était la guerre, rappelle Marx, et

« Paris ne pouvait cependant être défendu, sans armer sa classe ouvrière, sans l'organiser en une force effective et instruire ses rangs par la guerre elle-même. Mais Paris armé, c'était la révolution armée. Une victoire de Paris sur l'agresseur prussien aurait été une victoire du travailleur français sur le capitaliste français et ses parasites d’État. »

La répression terrible des Versaillais, d'une exceptionnelle violence, qui s'abattit sur la Commune constitua pour les classes bourgeoises une sorte de soulagement et elles la firent durer autant que nécessaire pour se rassurer d'avoir éloigné tout danger. Elles semblaient s'être repues ad nauseam du sang de leurs adversaires tel un trophée macabre : 10 000 morts de la Semaine sanglante de mai, plus de 4500 déportés en Nouvelle-Calédonie, près de trois cents condamnés aux travaux forcés et une centaine de condamnés à mort exécutés, la fuite en exil d'une dizaine de milliers de communards.

Cette violence implacable du pouvoir bourgeois demeure en réalité mal assumée par lui-même et par ses représentants, aujourd'hui encore. Il lui faut l'enrober de morale, je l'ai dit, de religion aussi. Hier, afin que « les Parisien-nes » mais surtout elle-même, en fait, se souvienne « à jamais » de l'angoisse qui fut la sienne mais aussi, peut-être ? de sa jouissance inhumaine à tenter d'exterminer toute menace à son existence en tant que classe, la bourgeoisie se fit bâtir une imposante basilique surplombant Paris.

Aujourd'hui encore, le pouvoir et l’État héritiers des Thiers et consorts, se doivent d'avilir leurs adversaires de classe pour obstruer toute alternative, pour diviser les forces du travail et de la création, pour justifier, enfin, la haine et la violence alors déchaînées contre ce mouvement populaire historique, « ce Sphinx qui tourment(a) si fort l'entendement bourgeois » pour reprendre les mots de Marx, et qu'ils déchaînent systématiquement dès que leur existence est remise en cause.

Oui, la commémoration de la Commune de Paris est un combat politique et les 72 jours de cette « révolution impromptue, ni voulue ni préparée3 » résonnent encore dans les mémoires et la conscience politique collective comme un « phare d'espoir pour les opprimés et un spectre effrayant pour les possédants4 ».

 

1- Roger Martelli, « Une place à part dans la mémoire » dans le Hors-série de l'Humanité, 150e anniversaire de la Commune de Paris : Un espoir mis en chantier, mars 2021 : https://boutique.humanite.fr/common/product-article/5938
2- L'aristocratie, d'Ancien Régime ou d'Empire, occupe encore des places de choix dans l'appareil d’État en France, particulièrement dans la diplomatie, et il n'est sans doute pas un hasard que l'ambassadeur de France en Ukraine se montre un farouche pourfendeur de l'ancienne Union soviétique au diapason de l'actuel gouvernement ukrainien et de l'extrême droite ukrainienne qui mène le jeu politique. C'est bien, de la part de la France, un signe fort de soutien au régime ukrainien actuel.3- Roger Martelli, « Une place à part dans la mémoire », Hors-série de l'HumanitéUn espoir mis en chantier4- Éditorial de Patrick Le Hyaric, Hors-série de l'HumanitéUn espoir mis en chantier


mardi 16 mars 2021

 

La Chambre préliminaire I de la CPI rend sa décision sur la demande du Procureur relative à la compétence territoriale concernant la Palestine

vendredi 5 février 2021, Par Le Collectif 69

Aujourd’hui 5 février 2021 la Palestine vient de remporter une victoire symbolique avec la décision de la Chambre de la C.P.I rappelant des principes fondamentaux ; mais il s’agit bien également d’une victoire concrète du droit puisque la Cour pourra désormais poursuivre les responsables de crimes de guerre commis sur le territoire de la Palestine. Netanyahou et les supporters d’Israël ne s’y sont pas trompé qui ont condamné cette décision qualifiée de "politique" et d’"antisémite". Il a fallu du temps pour arriver à cette étape, il en faudra sans doute encore pour que des criminels soient traduits rn justice. Pour en finir avec l’impunité israélienne, pour contrer les manœuvres et la propagande, il faudra rester mobilisés !

ci-dessous f le texte du communiqué de la CPI

Aujourd’hui, le 5 février 2021, la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (« CPI » ou « la Cour ») a décidé, à la majorité, que la compétence territoriale de la Cour dans la situation en Palestine, un État partie au Statut de Rome de la CPI, s’étend aux territoires occupés par Israël depuis 1967, à savoir Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.

Le 20 décembre 2019, le Procureur a annoncé la conclusion de l’examen préliminaire de la situation en Palestine. Le Procureur avait conclu que tous les critères définis dans le Statut de Rome pour l’ouverture d’une enquête étaient remplis. La décision d’ouvrir une enquête concernant cette situation est du ressort du Procureur de la CPI. Le 22 janvier 2020, le Procureur a saisi la Chambre en vertu de l’article 19-3 du Statut de Rome, lui demandant de se prononcer uniquement sur la portée de la compétence territoriale de la Cour dans la situation dans l’État de Palestine.

Dans la décision d’aujourd’hui, la Chambre préliminaire I a rappelé que la CPI n’était pas constitutionnellement compétente pour statuer sur les questions de statut d’État qui lieraient la communauté internationale. En statuant sur la portée de sa compétence territoriale, la Chambre ne se prononce pas sur un différend frontalier en vertu du droit international ni ne préjuge de la question d’éventuelles futures frontières. La décision de la Chambre a pour seul but de définir la compétence territoriale de la Cour.

La Chambre préliminaire I a examiné la demande du Procureur ainsi que les observations d’autres États, organisations et universitaires déposées à titre d’amicus curiae et de groupes de victimes. La Chambre a estimé que, conformément au sens ordinaire donné à ses termes dans leur contexte et à la lumière de l’objet et du but du Statut, la référence à « [l’] État sur le territoire duquel le comportement en cause a eu lieu » dans l’article 12-2-a du Statut doit être interprété comme une référence à un État partie au Statut de Rome. La Chambre a conclu que, quel que soit son statut au regard du droit international général, l’adhésion de la Palestine au Statut a suivi la procédure correcte et ordinaire et que la Chambre n’est pas habilitée à contester et à examiner le résultat de la procédure d’adhésion menée par l’Assemblée des États parties. La Palestine a donc accepté de se soumettre aux termes du Statut de Rome de la CPI et a le droit d’être traitée comme tout autre État partie pour les questions liées à la mise en œuvre du Statut.

La Chambre préliminaire I a noté que, parmi d’autres résolutions formulées de façon similaire, l’Assemblée générale des Nations Unies dans la résolution 67/19 « [a réaffirmé] le droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à l’indépendance dans un État de Palestine situé sur le territoire palestinien occupé depuis 1967 ». Sur cette base, la majorité de la Chambre, composée de la juge Reine Adélaïde Sophie Alapini-Gansou et du juge Marc Perrin de Brichambaut, a conclu que la compétence territoriale de la Cour dans la situation en Palestine s’étendait aux territoires occupés par Israël depuis 1967, à savoir Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.

En outre, la majorité de la Chambre a estimé que les arguments concernant les Accords d’Oslo et ses clauses limitant la portée de la compétence palestinienne ne sont pas pertinents pour le règlement de la question de la compétence territoriale de la Cour en Palestine. Ces sujets et d’autres questions relatives à la compétence pourraient être examinées lorsque et si le Procureur présentait une demande de délivrance d’un mandat d’arrêt ou d’une citation à comparaître.

Le juge Marc Perrin de Brichambaut a joint une opinion partiellement séparée sur les raisons pour lesquelles l’article 19-3 du Statut de Rome est applicable dans la situation actuelle. Le juge Péter Kovács, juge président, a joint une opinion partiellement dissidente dans laquelle il n’est pas d’accord sur le fait que la qualification d’ « État sur le territoire duquel le comportement en cause a eu lieu » au sens de l’article 12-2-a du Statut de Rome soit applicable à la Palestine, et que la compétence territoriale de la Cour dans la situation en Palestine s’étende - de façon quasi automatique et sans aucune restriction -aux territoires occupés par Israël depuis 1967, à savoir Gaza et la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.

 

PAUVRETÉ16/03/2021

La crise sème la misère, les élus récoltent la colère

par Hugo Soutra



Pour toute une partie des travailleurs précaires issus des classes populaires et des classes moyennes, la stabilité de l'emploi à laquelle ils aspiraient est devenue un vain mot. Et en touchant de nouveaux publics n’ayant parfois jamais eu recours de leur vie à l’aide sociale, la crise déboussole aussi les élus locaux. Car, sur le terrain, la colère gronde. Si ce climat d’anxiété venait à s’épaissir au cours des prochains mois, les conséquences sociales et politiques pourraient vite se révéler dramatiques.

Le chômage et la pauvreté n’ont rien de nouveau à Saint-Eloy-les-Mines, tant l’ancien bassin minier du Puy-de-Dôme a tardé à faire sa reconversion industrielle… Et pourtant ! Confronté à des travailleurs précaires se croyant à l’abri du besoin jusqu’au non-renouvellement de leurs contrats, des « invisibles » ignorant souvent leurs droits sociaux, le jeune maire de cette petite ville des Combrailles, Anthony Palermo, avoue s’être retrouvé démuni. Par la situation en tant que telle, et les réactions de ces nouveaux pauvres, aussi. « La plupart viennent à reculons au CCAS ou Secours populaire. Ils ne consentent pas à vivre sur le dos de la société. On les entend répéter qu’ils ont toujours travaillé, eux, ou dénoncer qu’« on » donne toujours aux mêmes… sans savoir qu’ils pourraient bénéficier de prestations. »

En Gironde, le président du conseil départemental Jean-Luc Gleyze (lire son interview complète). entend un discours similaire : « Des actifs précaires comme des retraités modestes nous reprochent d’en faire trop pour les personnes ayant peu, et pas assez pour les gens comme eux. Mais je ne crois pas que l’on se mobilise davantage sur l’extrême pauvreté que la précarité. Le problème, c’est que certains petits indépendants ou agriculteurs en difficulté ne solliciteront jamais les aides sociales pour lesquelles ils ont cotisé, tant ils ont une vision péjorative et dégradante de la solidarité. ».

Mise en concurrence des pauvretés 

« A force d’avoir stigmatisé le fait de ne pas travailler assez dur ou d’avoir bien étudié à l’école, cette mise en concurrence des pauvretés est le prix à payer », tonne Anthony Palermo, avant d’avertir ses homologues qui n’auraient pas encore conscience de ce sentiment de honte qui gagne peu à peu les ouvriers, employés et milieux populaires : « Nous avons une bataille culturelle à mener, pour dédramatiser la situation et aider ce public à faire valoir ses droits. »

Lire aussi l’interview de Jean-Luc Gleyze : « Nous faisons face à un appauvrissement généralisé de la population »

Les décideurs combleront ils les lacunes de notre système de protection sociale ? Le personnel politique trouvera-t-il les mots permettant de répondre à ce sentiment de pauvreté, cette pauvreté plus ou moins subjective caractéristique notamment des Gilets Jaunes ? Et concrètement, comment réagir à court terme ? Face aux lacunes du système déclaratif, Fiona Lazaar vante le principe d’automaticité : « Même si l’action du gouvernement reste insuffisante pour l’heure, les aides exceptionnelles versées aux ménages fragiles l’ont été de façon automatique. De quoi leur permettre de subvenir à leurs besoins », se félicite cette députée, également présidente du Conseil national de lutte contre la pauvreté et l’exclusion (CNLE).

« Le fait de ne plus parvenir à rembourser son pavillon et d’aller pointer aux Restos du cœur, c’est violent pour un propriétaire qui vient d’être licencié ou un commerçant qui a vu plusieurs années de labeur s’envoler. Les voilà qui se retrouvent, dans leur esprit, au même stade que de “ vulgaires ” chômeurs… Les polémiques nationales sur l’assistanat infusent et finissent par faire des dégâts au niveau local. Nous, élus, ne parvenons plus à canaliser leur haine », alerte le président du Grand Guéret, Eric Correia, qui craint « que l’ultra-droite ne profite de cette séquence calamiteuse ». Les élus de la Vallée de la Fensch, en Moselle, conscients que des entrepreneurs identitaires fassent commerce des angoisses de la France moyenne et populaire en exploitant une idéologie du ressentiment, s’inquiétaient déjà pour la cohésion de la société (lire encadré ci-dessous).

« Climat quasi insurrectionnel » 

C’est peu dire que l’irruption de la crise sanitaire a ravivé leurs doutes. « Je ne sais pas si le mouvement des Gilets jaunes redémarrera et verra sa base s’élargir mais, pour beaucoup, cette crise est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Elle peut faire le lit de l’extrême droite », redoute à son tour le maire (PS) de Fameck, Michel Liegbott, qui parle de « climat quasi insurrectionnel ». Sylvia Waldung, vice-présidente de l’agglo en charge du développement social, ne se montre guère moins alarmiste : « A l’instar du maire d’Hayange, le Rassemblement national sait parfaitement instrumentaliser la détresse sociale. Les discours de haine qu’ils propagent, cumulés à l’inefficience de certaines politiques, nourrissent le communautarisme. L’islam conservateur ancré dans certains de nos quartiers est une autre manière de disloquer la société. »

« Que les extrêmes exacerbent les tensions serait perfide, mais pas impossible. A nous, élus, de profiter de cette séquence pour tordre le cou aux préjugés sur la pauvreté. Ne sommes-nous pas tous un peu des assistés, a fortiori actuellement ? Qu’est-ce que l’assistanat, d’ailleurs, quand le tissu économique ne propose pas assez de travail, et que l’offre de formation n’est pas adaptée aux emplois disponibles localement ? », questionne Djoudé Merabet, ex-travailleur social aujourd’hui maire (PS) d’Elbeuf (Seine-Maritime). « Cette crise est dure – il y a des morts, des licenciés et de l’aigreur -, mais je vois aussi un formidable élan citoyen. Les maires, en tant qu’artisans de la solidarité, ne doivent pas se décourager. »

 

Le sentiment de pauvreté en forte hausse

Estimé stable et à un niveau relativement proche (13%) de celui du taux de pauvreté depuis qu’il est mesuré, le sentiment de pauvreté s’est fortement accentué en 2018, au moment de l’émergence du mouvement des « Gilets Jaunes », pour atteindre finalement 19% en 2019, dernier chiffre connu. La hausse est particulièrement marquée chez les ouvriers, qui sont 31% à se considérer comme pauvres (29% en 2018) suivis des employés (24% contre 20% un an plus tôt) et des agriculteurs (14%), constate la DREES. Conclusion ? La part de la population s’estimant pauvre excède largement celle que saisit la mesure statistique « officielle » du phénomène, la pauvreté monétaire, le taux de pauvreté, le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.

 

Dans la vallée de la Fensch, la crise sanitaire renforce la fracture sociale

Communauté d’agglomération du Val de fensch (57) • 10 communes • 70 307 habitants

Avec sa dizaine de maires couvrant un large spectre de la gauche – du PCF au PS en passant par EELV – et sa ville principale, Hayange, aux mains du RN, l’agglomération du Val de Fensch, pourrait paraître ingouvernable. Mais, plus que la gouvernance, c’est le climat social qui inquiète son président, Michel Liegbott.

« Sans que la pauvreté n’ait explosé à proprement parler, ici, le darwinisme social fonctionne à plein. Ceux qui s’en sortent fuient le territoire. Les salariés transfrontaliers effectuant la navette avec le Luxembourg font flamber les prix de l’immobilier. Si bien que la petite classe moyenne parvenue à intégrer les usines sidérurgiques et les catégories populaires pour qui l’ascenseur social semble plus que jamais bloqué s’appauvrissent » décrit le maire (PS) de Fameck. « La Vallée de la Fensch se caractérisait déjà par une forte coupure sociologique avant la crise. Mais le fossé entre les plus aisés, dont le pouvoir d’achat ne s’est pas démenti, et les plus précaires, pour qui il s’est tassé, continue inlassablement de se creuser. »

« C’est une agglomération à deux vitesses », reprend la vice-présidente en charge du développement social, Sylvia Waldung : « La concentration des populations défavorisées dans quelques quartiers populaires me fait craindre le pire. Sans faire de science-fiction, on sent l’agressivité monter vis-à-vis des gens aux belles voitures et belles demeures. Même chose du côté de ceux en situation de mal-emploi, qui trouvent injuste que d’autres touchant les aides sociales donnent l’impression de vivre mieux qu’eux. Les territoires comme les nôtres sont de véritables bombes sociales à retardement ! »

 

dimanche 7 mars 2021

 

OXFAM Sondage exclusif : 

plus des deux-tiers des Français-es favorables à ce que les gouvernements mettent fin au contrôle exclusif des entreprises pharmaceutiques sur la composition et les technologies des vaccins COVID19

 Bonjour,

Oxfam et la People Vaccine Alliance sont allés demander aux Français-e-s s’ils/elles étaient favorables à la levée des brevets et au partage des technologies et savoirs sur les vaccins. Le constat est sans appel : 63% soutiennent l’idée, et même 70% sont favorables à ce que les gouvernements obligent les laboratoires pharmaceutiques à partager leurs connaissances sur les vaccins.

Oxfam France
Communiqué de presse

7 mars 2021

Sondage exclusif : plus des deux-tiers des Français-es favorables à ce que les

gouvernements mettent fin au contrôle exclusif des entreprises pharmaceutiques sur la composition et les technologies des vaccins COVID19

 Une large majorité de Français et Françaises estime que les entreprises pharmaceutiques - qui ont reçues d’importantes subventions publiques pour la mise au point des vaccins contre la COVID-19 - ne devraient pas maintenir de droits exclusifs sur ces vaccins mais au contraire partager largement savoirs et technologies avec d’autres producteurs qualifiés, tout en étant compensées de façon adéquate (63% de l’ensemble des sondé-es).

 Une majorité encore plus importante (70%) pensent que les gouvernements devraient obliger les laboratoires à partager publiquement ces savoirs.

Et ce alors que le gouvernement français - comme le reste de l’Union européenne et des pays riches - bloquent depuis six mois les négociations allant dans ce sens à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

 Le sondage YouGov commandité par la People’s Vaccine Alliance, qui regroupe une coalition d’organisations telles Oxfam, ONUSIDA, ou Amnesty International, montre qu’une large majorité de Français-es est favorable à une levée des brevets et autres barrières liées à la propriété intellectuelle sur les vaccins COVID-19.

La levée de ces restrictions pourrait permettre d’accroître les capacités de production à l’échelle globale.

 Les trois-quarts (75%) des Français-es ont également le sentiment que la poursuite de la propagation du virus dans le reste du monde représente un danger important pour l’économie française et un peu moins de la moitié (41%) estime qu’il représente une menace importante ou majeure pour eux personnellement.

 44% des sondé-es sont convaincus que si les entreprises pharmaceutiques rendaient public les compositions et technologies cela permettrait à l’ensemble de l’humanité d’avoir accès plus rapidement aux vaccins, contre 10% qui estime au contraire que ça ralentirait les efforts.

Robin Guittard, porte-parole d’Oxfam France a réagi : « Ces résultats soulignent l’incroyable décalage qui existe entre le bon sens de nos concitoyen-nes convaincu-es que seule une coopération large et réelle nous sortira de cette crise, et nos gouvernements qui s’obstinent à défendre les intérêts particuliers de certaines grandes entreprises pharmaceutiques au détriment de la santé de millions d’individus à travers le monde. »

 « Ces dernières semaines les voix se sont multipliées pour demander la levée des brevets et ainsi permettre un partage large des savoirs et technologies.

Scientifiques, médecins, économistes, intellectuel-les, représentant-es de la société civile, l’ONU, et jusqu’au Pape, ont fait échos aux demandes portées depuis des mois à l’OMC par une centaine de pays en développement pour temporairement mettre entre parenthèses les droits de propriété intellectuelle. »

 « Nous sommes dans une course contre la montre.

Or, les monopoles exercés par les entreprises pharmaceutiques sur les vaccins ralentissent dangereusement le combat contre le virus.

 En levant les brevets on permettrait que tous les pays en capacité puissent produire des vaccins sûrs et efficaces, et ainsi accélérer les campagnes de vaccination partout dans le monde. Alors que les mutations du virus deviennent une menace pour l’efficacité des vaccins sur le long terme, il y a urgence. » 

 Ces derniers jours, le président Emmanuel Macron a porté auprès de ses partenaires européens et du G7 une approche visant à redistribuer 3 à 5% des doses qu’ils détiennent aux pays à faible et moyen revenu.

 « Un effort louable, mais clairement insuffisant, et qui évite de poser la question de la levée des brevets pourtant largement soutenue par l’opinion publique, » explique Robin Guittard.

 « Privilégier les profits des entreprises pharmaceutiques ne peut plus passer avant mettre fin à la pandémie et récupérer du choc économique planétaire. Cela nous coûtera d’innombrables vies et prolongera les difficultés sociales et économiques qui touchent en premier les plus pauvres, notamment les femmes. »

 Oxfam avait déjà alerté que près de 70 pays à faible et moyens revenus ne seront en capacités cette année de vacciner contre la COVID-19 qu’une personne sur dix, sauf si les gouvernements et l’industrie pharmaceutiques prennent des mesures urgentes pour s’assurer que suffisamment de doses sont produites.

 Notes aux rédactions

Toutes les données, sauf indication contraires, sont de YouGov Plc. La taille totale de l’échantillon est de 1010 adultes, pondéré pour être représentatif de la population française. La collecte des données a été menée les 24 et 25 février 2021.

La People’s Vaccine Alliance est une coalition d’organisations qui incluent Amnesty International, Free the Vaccine, Frontline AIDS, Global Justice Now, Oxfam, ONUSIDA et le centre Yunus.

Près de 100 000 citoyen-nes européen-nes ont déjà signé l’initiative citoyenne européenne lancée en novembre dernier et qui demande à la Commission européenne plus de transparence dans les contrats signés avec les entreprises pharmaceutiques pour l’approvisionnement en vaccin COVID-19 et la levée des brevets sur ceux-ci pour permettre un accès plus équitable à l’échelle planétaire.

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