Vu de l’étranger.
La pénurie de masques en
France symbolise le délabrement du système de santé
·
FRANCE
Publié le 20/03/2020 - 14:12
Le manque de moyens auquel font face les personnels
soignants français dans la crise du coronavirus étonne la presse étrangère.
Celle-ci ne manque pas de faire le parallèle avec la situation
critique que dénoncent les professionnels médicaux depuis
plusieurs mois.
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“Pendant que les rues sont désertes, les
attractions touristiques fermées et les parcs abandonnés, les hôpitaux français
bouillonnent de vie et se préparent au pire”, résume le journal canadien Le Devoir.
Or si les personnels soignants sont plus que jamais mobilisés pour faire face à
cette pandémie, “encore faut-il qu’ils aient des masques”.
En effet, indique le quotidien argentin Página
12, “la France, puissance mondiale, souffre d’une pénurie de
masques. Et ce, jusque dans les hôpitaux de sa capitale.” Et
si le ministre de la Santé “répète dans les médias qu’un stock de
110 millions de masques” est disponible “pour démentir
les inquiétudes”, note Le Temps, les médecins sont
inquiets. Les propos de ce docteur exerçant à l’hôpital de
la Pitié-Salpêtrière, dans Pagina 12, en témoignent.
S’il
y a un symbole de l’abandon dont nous sommes victimes, c’est bien cet objet qui
manque, pas seulement ici, mais partout. Il y a des médecins libéraux, des
infirmières, des kinésithérapeutes qui se rendent chez les malades qui ont
besoin d’eux sans le moindre masque.”
La production réquisitionnée
À Grenoble, dans la ville même où a exercé le ministre
de la Santé Olivier Véran, la direction de l’hôpital est allée jusqu’à
demander “au personnel soignant de se préparer à fabriquer ses
propres masques de protection” en raison de “la
pénurie”, relate Le Temps. “Depuis, des masques
chirurgicaux ont été distribués en quantité suffisante aux
hôpitaux grenoblois.”
Pourtant, le gouvernement a “réquisitionné toute
la production de masques jusqu’à la fin du mois de mai”, informe
le New York Times. “Il presse également les usines
françaises de fournitures médicales de produire des masques 24 heures
sur 24.”
Sur fond de
mal-être médical
Cette “insuffisance des moyens de
protection mis à leur disposition” fait donc “l’objet de colère”, rapporte Le
Temps. Responsable d’un syndicat d’infirmiers, Thierry Amouroux “a
été l’un des premiers à alerter sur la pénurie. Pour lui, impossible de
dissocier les défaillances actuelles de l’état chronique de délabrement du
système hospitalier.”
Car, ajoute le journal suisse, “les grèves
[des personnels soignants] de 2019 restent dans les mémoires” et “les
blessures hospitalières ne sont pas cicatrisées”.
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“Nombre de médecins déplorent le fait que
les hôpitaux français ont été soumis à un régime de rigueur depuis plusieurs
années”, renchérit Le Devoir. Et si “le pays mise [entre
autres] sur son excellent réseau de médecins de famille” ou que des
centaines de soignants, retraités depuis moins de cinq ans, ont accepté “de
prêter main-forte à leurs collègues”, il n’en reste pas moins,
pour Le Temps, que le “coronavirus est le révélateur
le plus flagrant qui soit du ‘mal-être’ médical français”.
Audrey Fisné
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