jeudi 2 avril 2020
La France est au ralenti. Hormis les
travailleurs qui vivent un rythme effréné de la lutte quotidienne contre le
virus, beaucoup ont pris leurs marques dans un univers ouaté, aux bruits
sourds.
Il semble que le président de la
République aimerait que cette atmosphère feutrée s’applique au débat
démocratique.
Avec un Parlement atrophié, des assemblées
locales vides, les initiatives citoyennes confinées, la démocratie est déjà
sous cloche.
Emmanuel Macron ne souffre pourtant pas
que l’opposition émette la moindre remarque sur la gestion de la crise ou les
raisons pour lesquelles nous en sommes arrivés là.
Les critiques sont
« irresponsables », dit-il. Pointer la pénurie de masques ou de
respirateurs que tout le monde constate, aux effets terrifiants, c’est déjà
trop.
Alors interroger les causes ?
Vous n’y pensez pas.
En effet, l’hôte de l’Élysée étend
désormais son argumentaire aux gouvernements précédents. « Quand on vit quelque
chose qui est inédit, on ne peut pas demander aux gens de l’avoir prévu il y a
dix ans. »
Pardon, mais si.
Si le candidat à la présidentielle d’alors
avait lu l’Humanité il y a trois ans, il aurait appris de la bouche de l’urgentiste
Christophe Prudhomme que « notre système n’est plus capable de répondre à
une banale épidémie de grippe ».
On savait donc.
Si, constatant son erreur, il lit nos
pages aujourd’hui, il y découvrira un douloureux rappel : « À 63
reprises entre 2011 et 2018, la commission européenne a recommandé aux États
membres de l’UE de privatiser certains pans du secteur de la santé ou de
réduire les dépenses publiques en matière de santé », nous dit Martin
Schirdewan, coprésident de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen.
Cette politique libérale, dogmatiquement
austéritaire en Europe et en France et qu’Emmanuel Macron continue de soutenir,
a une lourde responsabilité dans l’incapacité du continent à faire face au
coronavirus aujourd’hui.
C’est l’un des enseignements majeurs.
Pour que « le jour d’après ne
ressemble pas au jour d’avant, comme ne cesse de le répéter le président, c’est
faire œuvre démocratique que de le dire.
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