Les associations de solidarité alertent
Les associations de solidarité alertent : le
chômage, la perte de revenus, la précarité et la pauvreté jusqu’à la faim
touchent des millions de personnes. Un Français sur trois a subi une perte de
revenus, 38 % disent avoir connu la pauvreté. Pour une personne seule,
le Smic ne permet plus d’échapper à la pauvreté. 29 % n’ont pas les
moyens de consommer tous les jours des fruits et légumes. Les demandes de
secours alimentaires croissent de manière alarmante. 300 000 personnes sont
sans abri. L’école est un autre sujet d’inquiétude puisque 44 % des
parents pensent que leur enfant a pris du retard pendant le confinement et
25 % des ouvriers qu’ils auront beaucoup de mal à le rattraper. |
Donner force à
la République laïque |
Le débat qui
s’annonce à l’occasion du projet de loi visant à renforcer les principes
républicains, inscrit dans une manœuvre de précampagne présidentielle,
s’annonce piégé. Il promet d’être le théâtre de toutes les outrances de la
part d’une extrême droite et d’une droite extrême occupées depuis plus de
deux décennies à dévoyer la laïcité, pour justifier des visées contraires aux
valeurs de la République. Partout dans le monde se développent des
intégrismes, des mouvements politiques qui instrumentalisent des religions
pour imposer leurs visions réactionnaires ou leurs visées totalitaires. Ces dernières années, notre
peuple a subi les monstrueuses violences terroristes qui découlent des
courants les plus radicaux. Ces réalités sont le témoignage d’un affrontement
identitaire qui se développe sur le terreau d’une crise profonde que traverse
l’humanité, marquée par les inégalités, les atteintes aux libertés, la
marchandisation de tout, l’évanouissement du sens... Cette crise est le
produit du capitalisme à ce stade de son évolution. Face à cette menace, ce qu’il
faut rendre toujours plus fort c’est la République et ses principes. La
République ne doit surtout pas reculer, ni se renier face au danger. Elle
doit s’appliquer à accomplir jusqu’au bout sa promesse d’égalité, de liberté,
de fraternité. Pour cela, elle doit permettre dans toute la société que se
lève un mouvement populaire conscient du danger et décidé à ne pas laisser
faire. Ce n’est pas dans une fuite en
avant liberticide que peuvent se trouver les issues. Or, le projet de loi du
gouvernement, dit de « renforcement des principes républicains »,
s’inscrit dans une séquence sinistre pour les libertés fondamentales : état
d’urgence, sécurité globale, justice des mineurs... Il contient 54 articles traitant
de sujets tellement divers qu’ils ne manquent pas de convoquer des
associations d’idées et des amalgames qui devraient pourtant être combattus.
L’habileté consiste à aborder des questions qui peuvent parfois légitimement
préoccuper, mais en déployant une logique de contrainte qui, de fait, pointe
du doigt les musulmans. Il peut y avoir dans les nombreux articles des
dispositions nécessaires, comme la transparence financière des associations
cultuelles. Mais on y trouve notamment la volonté de modifier le cadre de la
vie associative et de l’action des collectivités locales en permettant un
interventionnisme discrétionnaire de l’État sur l’invocation des valeurs de
la République. Ce projet de loi, qui pourrait aboutir de fait à une
modification d’ampleur de l’esprit de la loi fondatrice de 1905, apparaît
confus, dangereux et à bien des égards contre-productifs. Nous voulons donner force à la
République laïque. Nous combattons les courants politiques qui veulent
entraîner le monde dans une prétendue guerre des civilisations. Nous refusons
farouchement toute religion d’État et nous affirmons l’égalité des droits et
la liberté de conscience dont découle la liberté de croire ou de ne pas
croire et qui se conjugue avec la liberté d’expression. La laïcité n’est pas
un outil d’exclusion et de discrimination. Dans ce monde qui fabrique des
victimes désunies, nous voulons au contraire unir. Dans cette société aux
multiples fractures, où l’on entend si souvent nier les discriminations et le
racisme, nous voulons une République pour toutes et pour tous, une République
en mouvement vers sa promesse encore tellement inaccomplie. Le Président de
la République n’en prend pas le chemin. Sa politique est un renoncement
permanent à lutter pour faire entrer pleinement dans la vie les principes qui
nous rassemblent. La République doit se donner
les moyens humains nécessaires à lutter contre les offensives séditieuses et
terroristes. Nous proposons de renforcer les moyens donnés à la mobilisation
citoyenne autour d’une laïcité vivante. Nous appelons à un grand plan de
lutte contre les discriminations. Nous proposons de développer une école de
la République portant en actes le projet de permettre à chaque enfant
l’épanouissement. Nous proposons le développement des services publics sur
tout le territoire pour porter l’ambition de la République. Le nouvel acte
fondateur que nous appelons de nos vœux pour une nouvelle République
s’inscrit dans cette volonté laïque d’un refus de toutes les intimidations,
de toutes les dominations, de toutes les discriminations et d’un désir
profond de démocratie, de liberté, de partage. D’un monde en commun. Pierre Dharréville, député
des Bouches-du-Rhône. |
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