Le vernis de
gaullisme social de Jean Castex n’aura pas tenu longtemps
Avenir de la
réforme des retraites -
Retraites : le vernis de gaullisme
social de Jean Castex n’aura pas tenu très longtemps
par Groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste
par Groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste
Ma question s’adresse à
M. le Premier ministre, à qui je souhaite, au nom de mon groupe, la bienvenue
au sein de la Haute Assemblée.
La feuille de route
fixée par le Président de la République marque le retour de la réforme des
retraites. « Il n’y aura pas d’abandon », a-t-il précisé dans la
presse régionale. Vous-même avez affirmé vouloir régler ce dossier à court
terme.
Cette réforme a été
suspendue parce qu’elle n’apparaissait plus comme prioritaire, alors que le
Président de la République cherchait la concorde nationale face à la covid-19.
Les appels à l’unité
nationale se fracassent sur la reprise de ce projet, repoussé par une large
majorité de nos concitoyens. Vous soufflez sur les braises de la
division !
La réforme envisagée
repose sur le dogme libéral selon lequel travailler plus durant sa vie comme
durant la semaine est la seule voie pour atteindre l’équilibre financier.
Pourtant, les sommes
considérables dégagées pour venir en aide aux entreprises montrent que les
richesses sont là et qu’elles peuvent servir l’intérêt général.
Monsieur le Premier
ministre, la Nation « garantit à tous, notamment à l’enfant, à la mère et
aux vieux travailleurs, la protection de la santé, la sécurité matérielle, le
repos et les loisirs. Tout être humain qui, en raison de son âge [...], se
trouve dans l’incapacité de travailler a le droit d’obtenir de la collectivité
des moyens convenables d’existence ».
Le gaullisme social dont
vous vous revendiquez, monsieur le Premier ministre, se fonde sur ce onzième
alinéa du préambule de la Constitution de 1946, lequel est toujours en vigueur
aujourd’hui.
Est-il conciliable,
selon vous, avec la déferlante libérale portée par M. Macron ?
Allez-vous, monsieur le Premier ministre, oui ou non, renoncer à cette réforme
des retraites, dont l’ensemble des partenaires sociaux ne veulent plus entendre
parler aujourd’hui ? (Applaudissements sur les travées du groupe CRCE,
ainsi que sur des travées du groupe SOCR.)
M. le président. La
parole est à M. le Premier ministre.
M. Jean Castex,
Premier ministre. Monsieur le président, madame la présidente, mesdames,
messieurs les sénateurs, j’ignore qui ne veut plus entendre parler de la
réforme des retraites,...
Mme Éliane Assassi.
Mais si, vous le savez !
M. Jean Castex,
Premier ministre. ... mais refuser de parler des retraites alors que, dès avant
la crise, et a fortiori après sa survenance, l’équilibre des comptes et la
sauvegarde du système actuel se trouvaient compromis serait irresponsable. Oui,
irresponsable, madame ! (Applaudissements sur les travées des groupes
LaREM et Les Indépendants. – Protestations sur les travées du groupe CRCE.)
Comme vous, je n’en
doute pas, je suis, extrêmement attaché au préambule de la Constitution de 1946
et à la conduite des politiques sociales comme ferment de notre pacte
républicain.
Toutefois, qui peut dire
ici que, d’un point de vue structurel, notre système de retraite, que je
connais bien, sur lequel je travaille depuis de nombreuses années, est
juste ? Il ne l’est pas. Il ne l’est pas !
M. David Assouline.
Il ne faut pas le rendre plus injuste encore !
M. Jean Castex,
Premier ministre. Je vais vous dire, madame, ce que je compte faire.
Premièrement, je vais
rouvrir le dialogue. Toutes les organisations syndicales viendront discuter
avec moi, et c’est heureux. Que nous ne soyons pas d’accord avec certaines
d’entre elles, ce sera peut-être le cas ; nous verrons bien... Nous
allons, je le répète, rouvrir le dialogue et nous mettre d’accord sur une
méthode et sur un calendrier.
Deuxièmement,
j’aborderai la question des retraites dans un cadre global. La réforme de
l’assurance chômage, qui est elle aussi indispensable, est également affectée
par la crise. Il serait déraisonnable de ne pas tenir compte de cet élément
nouveau. La relance, sur bien des aspects, intéresse les partenaires sociaux.
La prise en charge de la dépendance a été moult fois reportée. Le Président de
la République m’a demandé de conduire, avec mon gouvernement, une réforme à cet
égard. Nous aurons une approche globale de tous ces sujets.
S’agissant des
retraites, je proposerai aux partenaires sociaux de très clairement distinguer,
d’une part, la réforme que les spécialistes appellent « systémique »,
c’est-à-dire la réforme de structure vers un système plus juste et plus
égalitaire pour nos concitoyens, sur laquelle la concertation va reprendre, et,
d’autre part, l’équilibre du système actuel. Sur ce dernier point, je
demanderai également aux partenaires sociaux, madame, de me faire des
propositions.
J’attire l’attention du
Sénat sur le fait que le système paritaire existant sur les complémentaires
Agirc-Arrco est, lui aussi, confronté à une menace de déséquilibre, pour les
mêmes raisons. Cela conduira nécessairement à reprendre le chemin de la
négociation.
Madame la sénatrice,
nous n’avons pas d’autre choix que de sauvegarder notre système de protection
sociale ! (Applaudissements sur les travées des groupes LaREM et Les
Indépendants, ainsi que sur des travées du groupe UC.)
M. le président. La
parole est à Mme Éliane Assassi, pour la réplique.
Mme Éliane Assassi.
Monsieur le Premier ministre, je le redis avec force : cette réforme des
retraites est irresponsable et injuste !
Nous le savons déjà. Il
y a eu moult rencontres avec les syndicats. Même le Mouvement des entreprises
de France, le Medef, y est aujourd’hui opposé ! (Exclamations ironiques
sur les travées des groupes LaREM et UC.) Nous aurons l’occasion d’en reparler,
monsieur le Premier ministre, mais vous êtes sur un très mauvais chemin.
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