Publié le 21/12/2020
par PCF
Discours du centenaire du PCF -
jeudi 17 décembre 2020
Mesdames et Messieurs, Cher·e·s ami·e·s, Cher·e·s Camarades,
Nous voilà réunis pour célébrer les 100 ans d’existence du Parti communiste
français.
A cause de la pandémie, du confinement, nous avons dû annuler de nombreux
rendez-vous. Certains sont reportés en 2021.
D’autres sont maintenus, comme la superbe exposition d’affiches qui ont jalonné
notre histoire, réalisée grâce au concours de la Fondation Gabriel-Péri,
présidée par Alain Obadia et que vous découvrirez sur le net avec l’ensemble du
programme.
Merci à Guillaume Roubaud-Quashie pour avoir piloté ces festivités.
Je remercie également, pour cet anniversaire exceptionnel, les membres de la
direction du PCF présents en visio et ici physiquement en nombre restreint,
Pierre Laurent, président du Conseil national, Marie-George Buffet, ancienne
secrétaire nationale, les présidents de groupe à l’Assemblée nationale et au
Sénat, André Chassaigne et Eliane Assassi, Patrick Le Hyaric, directeur de
l’Humanité, mes collègues parlementaires, les responsables nationaux des
organisations de jeunesse, Léon Deffontaines, secrétaire national du MJCF, les
membres du comité exécutif et ceux du conseil national.
Merci à vous et bienvenue à toutes celles et ceux qui nous rejoignent.
Il n’est pas commun de
fêter l’anniversaire d’un parti. Encore moins quand il a 100 ans. Et, entre
nous, ces 100 ans, on ne les fait pas !
Car en 2020 comme il y a cent ans, le communisme, c’est la jeunesse du monde.
Et face au vieux système capitaliste, nous avons besoin d’idées nouvelles,
radicalement nouvelles. Voilà pourquoi cette fête est celle d’un commencement.
Avec les yeux non pas tournés vers le passé, mais braqués sur le présent.
C’était déjà l’urgence du présent qui présidait le Congrès de Tours, quand le
Parti communiste s’est créé sous la banderole « Prolétaires de tous les
pays, unissez-vous ! ». Et c’est toujours d’actualité.
Après l’horreur de la Première Guerre mondiale, il s’agissait de garantir pour
de bon la paix entre des peuples que l’impérialisme montait les uns contre les
autres.
Il s’agissait de tourner la page d’un capitalisme broyant les vies humaines,
celle d’enfants, de femmes, d’hommes qui mourraient au travail.
Cette ambition, portée par celles et ceux dont la guerre avait brisé les vies,
elle est toujours la nôtre aujourd’hui, avec comme boussole l’intérêt populaire
et l’utilité pour le plus grand nombre.
C’est ce qui n’a cessé d’animer ces centaines de milliers, ces millions de
Françaises et de Français, d’étrangers, qui dans notre pays, ont décidé de
rejoindre notre parti à travers ces cent années, ces hommes et ces femmes qui
ont décidé d’organiser leur révolte, leurs rêves, leurs aspirations, pour
proposer un projet d’espoir à notre pays et à son peuple, pour le faire entrer
dans la vie.
C’est cette volonté de changer le cours du monde, d’être tout simplement utile
qui hante encore le jeune Guy Môquet, lycéen de 17 ans, à la veille de son
exécution, le 22 octobre 41 par les nazis, dans sa dernière lettre : « Ma
petite maman chérie […] Je vais mourir. […] Certes, j’aurais voulu vivre. Mais
ce que je souhaite de tout mon cœur, c’est que ma mort serve à quelque chose. »
En 2020, nous retournant sur le siècle écoulé, nous pouvons en être sûrs : le
combat des communistes sert à quelque chose.
Il a contribué à garder ouvertes les portes de l’avenir lorsque l’horizon
paraissait bouché.
Il s’est engagé dans la Résistance, à l’image d’un Manouchian, d’un Rol Tanguy,
d’une Martha Desrumeaux ou d’une Danielle Casanova et de tant d’autres.
Sans le PCF, le rassemblement de la gauche aurait-il vu le jour en des moments
cruciaux ?
Y aurait-il eu le Front populaire et le programme du Conseil national de la
Résistance ?
Oui, le Parti communiste est indissociable de grandes conquêtes telles que les
congés payés en 1936 ou la Sécurité sociale en 45.
C’est le ministre CGTiste et communiste Ambroise Croizat qui crée notre système
de retraite par répartition.
C’est le député communiste Fernand Grenier qui dépose le 24 mars 1944
l’amendement qui inscrit dans la loi le droit de vote des femmes.
Nous avons été d’ailleurs le premier parti à présenter des femmes en position
éligible, dès 1925, alors qu’elles n’avaient pas le droit de vote. Je pense aux
17 députées femmes communistes et à Marie-Claude Vaillant-Couturier parmi les
33 premières femmes députées en 1945.
C’est Etienne Fajon, autre député communiste, qui proposera en 1946 de graver
dans le marbre de notre Constitution la laïcité.
Il faudrait aussi évoquer 1968 et le rôle majeur des communistes, au coté des
syndicats et de la jeunesse dans les conquêtes sociales du printemps dont une
hausse du SMIC de 35 %, et la conquête de nouveaux droits pour les
salarié·e·s à l’entreprise !
Comment ne pas évoquer 1981 et la victoire de la gauche grâce au score de
15 % de Georges Marchais avec un projet ambitieux pour le monde du travail
qui fit gagner la semaine de 39 heures, la retraite à 60 ans et de nombreuses
nationalisations, notamment du secteur bancaire. Quelle erreur historique de ne
pas avoir poursuivi ces réformes avec le tournant de la rigueur choisi par
Mitterrand, en 83.
Notre honneur, hier comme aujourd’hui, c’est l’engagement des maires
communistes, à la pointe du combat pour créer des logements sociaux de qualité
ou des centre médicaux de santé, pour développer la culture et l’éducation
populaire, pour favoriser la diversité et la mixité sociale, pour permettre à
tous les enfants de partir en vacances, pour garantir à chaque citoyen les même
droits.
Notre fierté, c’est encore de compter dans nos rangs, ou à nos côtés, les plus
grands artistes et créateurs du XXe siècle, d’avoir pu bénéficier des audaces
d’un Aragon ou d’un Jean Ferrat, d’un Picasso ou d’un Paul Éluard.
Ces liens avec le monde de la culture et de la création, nous continuons de les
chérir, à l’image du travail remarquable de l’artiste C215 qui expose
actuellement les visages des héros communistes de la Résistance, à l’extérieur
de notre siège.
Quelle honte, aujourd’hui, de voir le gouvernement décréter, lorsque des
mesures de restriction sanitaires s’imposent, que la culture n’est pas
indispensable, alors que la France, c’est la culture, et la culture, c’est la
vie.
Et c’est justement ce dont nous avons besoin, en ce moment plus qu’en tout
autre !
Comment ne pas évoquer notre engagement internationaliste, pour la défenses des
peuples et de leur droit à déterminer leurs propres choix : Oui, nous sommes
fiers d’avoir été de ceux qui, très tôt, ont défendu la décolonisation,
l’indépendance de l’Algérie, se sont engagés contre les guerres d’Indochine et
du Vietnam ou pour mettre fin au terrible régime de l’apartheid en Afrique du
Sud avec la libération de Nelson Mandela.
Quels souvenirs pour les militants de ma génération qui ont pu contribuer à sa
libération.
Il n’y a avait pas beaucoup de monde à l’époque pour porter ces combats. Mais
il y a beaucoup de monde aujourd’hui pour dire qu’ils étaient juste.
C’est d’ailleurs le même engagement que nous avons aujourd’hui pour demander la
libération de Marwan Barghouti, le député palestinien enfermé dans les geôles
israéliennes, ou pour mettre fin au blocus contre le peuple cubain.
C’est d’ailleurs aussi au nom du respect de la souveraineté des peuples que
nous avons, dès 1979, décidé de nous engager contre cette Europe libérale,
contre ces traités européens qui soumettent les peuples aux exigences des
marchés financiers et bradent leur indépendance dans une soumission de plus en
plus poussée à l’Alliance atlantique.
Nous avions gagné, là aussi, une belle victoire lors du référendum de 2005
contre le Traité constitutionnel. Mais tout de suite après, la droite et une
partie de la gauche, choisissaient de trahir le choix du peuple en faisant
voter ce traité au Parlement français. Encore une fois, seul les parlementaires
communistes respectaient unanimement le choix majoritaire de nos concitoyens .
Ces trahisons d’une partie des forces politiques françaises ont largement
contribué à détourner nos concitoyens de la politique, de la gauche.
100 après sa création, nous sommes encore une force incontournable dans tout le
pays, une des premières avec nos 50 000 adhérentes et adhérents, nos 660 maires
et nos milliers d’élu-es locaux, départementaux, régionaux, nos députés,
sénateurs, sénatrices et cet engagement, cette présence, sur tout le
territoire, dans les villes comme dans les villages.
Et vous pourriez bien être surpris par notre renforcement dans les années qui
viennent.
Car jamais les inégalités, les injustices, les espoirs d’un monde de justice,
de paix, de fraternité, écartant les menaces climatiques, préservant la
planète, jamais ces colères et ces espoirs n’ont été aussi forts.
Oui, le communisme est d’actualité. Il est même, pensons-nous, la réponse
pertinente à un système économique qui menace la civilisation humaine comme le
climat.
Et c’est parce qu’il est, plus que jamais, le mouvement « de l’immense
majorité au profit de l’immense majorité », ainsi que le définissaient
Marx et Engels, que nous voulons nous projeter vers l’avenir.
Car tant que la pauvreté, les guerres, les inégalités, le racisme, ou les
catastrophes climatiques marqueront les peuples, en les opposant, en les
divisant, en les poussant à l’exode, nous serons là, toujours là, pour défendre
les plus humbles, pour faire respecter la dignité de chaque individu, pour
faire avancer l’émancipation humaine, pour défendre la Terre, l’air et la mer.
Regardez ce mois de décembre. Pour beaucoup, la pandémie impose des contraintes
et des fêtes de fin d’année limitées.
Mais pour d’autres, pour des centaines de milliers de salariés, qui reçoivent
leur lettre de licenciement en ce moment, pour tous ceux qui se battent en ce
moment pour conserver leur emploi, Noël aura un gout amer. Je pense à ces
familles de Bridgestone, Renault, Airbus, Danone, Cargill, Verallia, Vallourec,
GE Belfort, Grid et tant d’autres !
Le visage du capitalisme, c’est celui-là, celui qui profite de la pandémie pour
accélérer la désindustrialisation de la France.
Le visage du communisme, c’est celui de toutes ces hommes et de toutes ces
femmes qui résistent, ceux des usines, comme ceux de la culture.
C’est celui du monde du travail qui a été en première ligne, ces soignants, ces
enseignants, ces agents des services publics, ces livreurs, ces agriculteurs,
ces commerçants, tous ces salariés qui travaillent dur et qui n’arrivent pas à
vivre de leur travail !
Notre idéal de justice sociale est d’une criante actualité.
Et notre combativité est intacte pour conquérir, avec le monde du travail, de
nouveaux droits, de nouvelles protections, de nouvelles conquêtes sociales.
En cette année 2020, nous portons l’objectif pour notre pays d’éradiquer le
chômage et la pauvreté, de garantir à chacun un emploi, une formation, un
salaire tout au long de sa vie.
Nous disons qu’il est indispensable pour cela de reprendre le pouvoir à la
finance, de redevenir maîtres de nos choix, de retrouver notre souveraineté
démocratique et industrielle.
Oui, notre combativité est intacte pour porter l’espoir d’un projet de société
plus humaine, sociale, véritablement écologiste et pleinement féministe.
Ce 21e siècle a grand besoin de rupture et de nouveauté. Pour tourner enfin la
page des dominations de toutes sortes, celle du capital, celles sexistes,
racistes, homophobes qui subsistent encore.
Nous avons en nous, 100 ans après, cet ADN de la combativité, de l’indignation
face aux inégalités, le même engagement honnête, sincère.
D’autant plus que l’humanité affronte une crise sanitaire sans précédent dans
son histoire récente. Mais, comme trop souvent, ce sont encore une fois les
peuples, les plus faibles, les premiers de corvée, le monde du travail comme
celui de la création qui en paient le prix fort.
Le monde de la finance, des banques, des assurances, entend garder les
manettes, endetter les peuples pour mieux les faire payer demain.
Avec eux, on passe rapidement du « quoi qu’il en coûte » à « il
faudra payer ».
Ils repeignent en vert la façade de leur discours, mais nous savons bien que
les logiques de rentabilité, de concurrence continueront d’épuiser les hommes,
les femmes, comme les ressources naturelles.
C’est tout l’enjeu des mois et des années à venir.
C’est urgent. C’est incontournable.
Pour faire reculer les conflits, les guerres, les murs qui ont poussé 80
millions d’hommes et de femmes à l’exode en 2020, un chiffre jamais connu à ce
jour selon le HCR.
Pour transformer en profondeur nos modes de production, nos modes de
consommation, pour développer nos services publics, pour relocaliser notre
industrie, toute notre industrie et produire ici ce que nous consommons ici.
Produire, créer, former, répondre aux besoins humain, protéger la planète,
vivre et s’épanouir de son travail, n’est-ce pas là l’objectif qui doit tous
nous unir, pour nous comme pour l’avenir de nos enfants ?
C’est le capitalisme qui a fait son temps. Une nouvelle ère doit s’ouvrir. Et
le communisme est le nom de cet espoir pour l’humanité.
Car nous avons face à nous d’authentiques vieillards. Tous les Bernard Arnault,
les Jeff Bezos et autres Bill Gates, ces nouveaux Harpagon assis sur leurs
lingots et leurs cassettes qui écrasent les peuples.
Oui, dans nos veines de militants communistes coule un sang plus jeune que dans
celles des actionnaires des Big Pharma qui entendent faire des profits sur un
vaccin tant attendu quand nous, nous demandons à partager les brevets, les
connaissances et à les proposer, à prix coutants, aux peuples du monde.
Oui, tous les élus communistes, dans les communes, dans les département et les
régions, à l’Assemblée et au Sénat portent tous les jours la promesse d’une
France fraternelle et solidaire quand grandissent les communautarismes et le
repli sur soi.
Oui, nous entendons donner plus de pouvoir, plus de droits à tous ceux et
toutes celles qui créent les richesses par leur travail, quand une minorité les
accaparent.
Ce qui est urgent aujourd’hui, c’est de passer d’une civilisation de l’argent
roi à une civilisation de l’humain et de la planète d’abord.
Alors, bon anniversaire à tous les peuples qui luttent pour leur indépendance,
à tous les salariés qui espèrent vivre dignement de leur travail, à tous les
militants associatif, syndicaux, politiques qui dans leur grande diversité
s’engagent pour un monde d’égalité, de liberté, de fraternité et de tolérance.
Bon anniversaire aux communistes d’hier, à celles et ceux d’aujourd’hui…
…et à ceux de demain car, répétez-le autour de vous, nous avons besoin de
chacune et de chacun, pour sortir enfin de ce monde à l’envers, pour ouvrir une
nouvelle ère, celle de l’être humain et de son bonheur.