De quelle majorité populaire et politique vous réclamez-vous pour imposer de nouveaux sacrifices aux Français ?
Orientations budgétaires
Publié le 9 juillet 2025 à 11:18 Mise
à jour le 15 juillet 2025
Monsieur le Premier ministre, nul ne peut ignorer la gravité du moment.
Aussi citerai-je les mots d’Émile Zola :
« Lorsque l’avenir est sans espoir, le présent prend une amertume
ignoble."
Vous préparez le budget, seul, sans contrôle du Parlement, sans
majorité populaire.
Quelle est votre vérité démocratique quand vous préparez la
pénurie dans le quotidien de 99 % des Français ?
Quelle est votre vérité démocratique sur la justice sociale et
fiscale ?
Les aides aux entreprises constituent le premier poste de
dépense de l’État :
211 milliards d’euros, soit deux fois et demie le budget de
l’éducation nationale.
De quelle majorité populaire et politique vous réclamez-vous
pour imposer de nouveaux sacrifices aux Français ? (Applaudissements sur
les travées du groupe CRCE-K et sur des travées des groupes SER et GEST.)
M. le président. La parole est à M. le Premier
ministre.
M. François Bayrou, Premier ministre.
Monsieur le sénateur, le ton de votre question mérite une
réponse mesurée.
Vous confondez les responsabilités de l’exécutif et du
législatif.
Vous dites que nous préparons seuls le budget, mais c’est vous
qui l’adopterez.
Il est de la responsabilité de l’exécutif de fixer le cadre de
la proposition qu’il vous soumettra.
À partir de quelle légitimité ?
La succession de tous les courants politiques présents sur ces
bancs depuis cinquante ans a plongé notre pays dans une situation inédite pour
les finances publiques.
M. Mickaël Vallet. Les huit dernières années
pour vous !
M. François Bayrou, Premier ministre.
J’ai fait faire la revue des interventions – plusieurs centaines
– de chacun de ceux qui, à gauche, sont intervenus lors des débats budgétaires
ces huit dernières années.
Pas un seul intervenant n’a demandé un euro d’économie ;
pas un seul ! (Brouhaha sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.)
Plusieurs sénateurs du groupe CRCE-K. Nous avons proposé des
recettes !
M. François Bayrou, Premier ministre.
Vous avez tous, sans exception, demandé des dépenses nouvelles
ou des impôts nouveaux. (Nouveau brouhaha sur les mêmes travées.)
Plusieurs sénateurs des groupes CRCE-K, SER et GEST.
Oui, sur les riches !
Mme Cathy Apourceau-Poly.
La taxe Zucman !
M. le président. Laissez parler le Premier
ministre !
M. François Bayrou, Premier ministre.
Nous sommes pourtant le pays le plus imposé du monde !
Si l’impôt suffisait à faire la prospérité d’un pays, notre
nation serait aujourd’hui la plus prospère de la planète.
Ces constats, excusez-moi de vous le dire, créent non seulement
une légitimité pour le Gouvernement, mais d’abord un devoir pour lui de
proposer des réponses.
Il appartiendra ensuite au Parlement de choisir.
Je vous le dis, chacun prendra ses responsabilités et le
Gouvernement n’éludera pas les siennes. (Applaudissements sur les travées du
groupe UC et sur des travées du groupe RDPI.)
M. le président.
La parole est à M. Pascal Savoldelli, pour la réplique.
M. Pascal Savoldelli.
Je vous remercie de votre réponse modérée, monsieur le Premier
ministre… (Rires sur des travées des groupes CRCE-K, SER et GEST.)
Vous allez vous adresser aux Français un peu en catimini à
propos du budget.
Vous consultez, mais la France n’est pas une démocratie
consultative.
La démocratie, c’est :
·
premièrement, le vote des Français ;
·
deuxièmement, la représentation nationale ;
·
troisièmement, la République sociale.
M. Roger Karoutchi.
Qu’est-ce que c’est que ça ?
M. Pascal Savoldelli.
Or les trois sont contournés.
Vous parlez sans cesse d’un effort partagé, mais le peuple,
·
lui, partage déjà la hausse des prix,
·
la TVA sociale, l
·
es services publics qui ferment,
·
les territoires qu’on abandonne.
Un effort demandé aux ultra-riches répondrait à une volonté
populaire majoritaire, qui devrait faire l’unanimité au Parlement.
Monsieur le Premier ministre, qui dirige la France ?
Ceux qui ont perdu les élections ?
C’est bien le sens du raté sur les retraites.
Permettez-moi d’insister : qui dirige la France ?
Donald Trump ou les profiteurs de l’économie de guerre ?
La dépense militaire portée à 3,5 % du PIB parce que le
président des États-Unis et le chef de l’Otan l’exigent !
Vous cherchez 40 milliards d’euros, alors que 100 milliards sont
déjà orientés vers l’économie de guerre.
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