Le 21 janvier 2024
Il serait faux de dire qu’Emmanuel Macron ne coalise pas.
Seulement, le chef de l’État agrège contre lui, ses choix
politiques et ses compromissions avec une droite qui n’a plus de républicaine
que le nom et une extrême droite revendiquant sa « victoire idéologique ».
Preuve en est avec l’appel à manifester, le 21 janvier
prochain, contre sa récente loi immigration, que l’Humanité copublie
avec le site d’informations Mediapart.
Au total, ce sont plus de 200 personnalités qui entrent
ainsi en résistance devant ce « tournant
dangereux de notre République » et un texte rédigé « sous la dictée des marchands de
haine qui rêvent d’imposer à la France leur projet de « préférence
nationale » ».
Un « appel
historique », selon le secrétaire national du PCF Fabien
Roussel, signataire du texte, puisqu’il rassemble amplement, au-delà des
frontières de la gauche.
Ce front du rejet unit du coordinateur de la France insoumise
Manuel Bompard à l’ancien ministre de Jacques Chirac et ex-défenseur des
droits, Jacques Toubon, en passant par Marine Tondelier (Les Écologistes),
Olivier Faure (PS), Benjamin Saint-Huile (Liot) ainsi que la députée apparentée
Renaissance, Cécile Rilhac.
Mais il s’étend aussi en dehors des sphères politiques
partisanes avec les représentants des principales centrales syndicales, dont
Sophie Binet (CGT) et Marylise Léon (CFDT), des responsables associatifs comme
Dominique Sopo (SOS Racisme), Henri Masson (Cimade) et Véronique Devise
(Secours Catholique), des artistes (Josiane Balasko, Nicolas Mathieu, Marina
Foïs…), des universitaires et intellectuels émérites (Valérie Masson-Delmotte,
Cédric Villani, Pierre Rosanvallon…), et même des personnalités des trois
grandes religions monothéistes.
« Si on veut mener le combat prioritaire des valeurs,
contre l’extrême droite, il faut un large rassemblement, dépassant les
différences politiques et d’engagement.
Nous condamnons cette loi parce qu’elle porte atteinte à
beaucoup de fondamentaux de notre République et de notre devise », rappelle Patrick
Baudouin, président de la Ligue des droits de l’Homme.
L’initiative, née au lendemain du vote de la loi immigration à
l’Assemblée nationale le 19 décembre, aboutit autour d’un objectif :
rassembler un maximum de personnes dans les rues pour demander à Emmanuel
Macron la non-promulgation du texte. « Le
président de la République a tout fait pour que cette loi soit
« adoptée » avant les fêtes de fin d’année pour qu’on n’en parle
plus, explique Fabien Roussel.
Mais beaucoup de gens m’ont interpellé pour savoir comment nous
allions réagir contre cette loi votée par le RN et qui n’apporte pas les
réponses aux grands enjeux liés à l’immigration. »
« C’est un moment de clarification : cette loi est un
révélateur, une frontière claire entre celles et ceux prêts à basculer et
renier le programme du Conseil national de la Résistance jusqu’à reprendre les
thèses de l’extrême droite, et les autres », estime la secrétaire
générale de la CGT, Sophie Binet.
Fin de l’universalité des droits, introduction de la préférence
nationale, remise en cause du droit du sol, restriction de l’accès au séjour…
La députée de l’aile gauche de la Macronie Cécile Rilhac a
tranché : « Ce
texte grandement issu du Sénat est allé trop loin.
J’ai beaucoup réfléchi et je voulais être en cohérence avec
moi-même (en signant la tribune – NDLR).
Il me paraissait important qu’au sein de la majorité à laquelle
je suis toujours attachée, des gens continuent à dire que la loi n’est pas
celle du gouvernement pour laquelle nous voulions légiférer. »
« Sous une apparence banale, ce texte me paraît, pour l’une
des premières fois, mettre en cause des principes importants, des libertés et
des droits sociaux dont tout le monde doit pouvoir jouir sur notre territoire,
qu’ils soient nationaux ou étrangers. Savoir si nous allons installer un
système de préférence nationale me paraît valoir une prise de position », justifie Jacques
Toubon.
« Il faut que nous soyons nombreux le 21 pour faire en
sorte de protéger les potentielles victimes de ce texte », espère Marine
Tondelier.
Il s’agit là d’un enjeu important « pour remettre des points de
repères dans le débat public face à l’obsession ethnicisante d’une partie du
monde politique », selon Dominique Sopo, président de SOS
Racisme.
D’où le mot d’ordre de la manifestation du
21 janvier : « Marchons
pour la Liberté, l’Égalité, la Fraternité ».
Marchons pour la Liberté, l’égalité, la fraternité
Dans notre
diversité d’idées, d’engagements, de professions, nous exprimons notre grande
inquiétude après le vote de la loi dite « asile-immigration ».
C’est un
tournant dangereux dans l’histoire de notre République.
D’abord
parce que cette loi ne répond pas aux causes de l’exil forcé d’hommes, de
femmes, d’enfants fuyant les guerres ou le réchauffement climatique, ni aux
défis de l’accueil dans la dignité, ni au défi de la définition d’une politique
digne et humaine d’intégration.
Ensuite,
parce qu’elle a été rédigée sous la dictée des marchands de haine qui rêvent
d’imposer à la France leur projet de « préférence nationale ».
Elle
torpille les piliers porteurs de notre pacte républicain, hérité du Conseil
national de la Résistance.
Elle
s’attaque ainsi au droit du sol autant qu’aux droits fondamentaux proclamés par
la Constitution : au travail, à l’éducation, au logement, à la santé…
Ce faisant,
tous et toutes, Français autant qu’étrangers, nous nous trouvons menacés.
Victor Hugo
écrivait : « Étouffez
toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez
invincibles. »
Soucieux de
rassemblement et de solidarité plutôt que de division sans fin de notre
société, nous demandons au Président de la République de ne pas promulguer
cette loi.
Le dimanche
21 janvier nous appelons à manifester dans notre diversité notre attachement à
la devise de la République : « Liberté, égalité, fraternité. »
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