Saisissez le Conseil de sécurité et suspendez l’accord d’association avec
Israël !
Jérusalem-Est -
Par Pierre Laurent / 12 mai 2021
Monsieur le ministre des affaires étrangères, nous sommes des
millions à être indignés par les images et les témoignages qui nous parviennent
de Jérusalem : ratonnades, expropriations forcées de familles
palestiniennes par des colons d’extrême-droite, heurts ultra-violents et tirs
meurtriers de l’armée israélienne sur l’esplanade et dans la mosquée Al-Aqsa,
et maintenant bombardements de la bande de Gaza. Il y a déjà des dizaines de
morts, des centaines de blessés.
Ce qui est à l’œuvre, c’est la colonisation systématique et
illégale de Jérusalem-Est par le pouvoir extrémiste de Netanyahou, par une
armée d’occupation, et par des colons fanatisés.
L’ONU a rappelé que le déplacement forcé de civils par la
puissance occupante était illégal au regard du droit international, et
« pouvait s’apparenter à des crimes de guerre ». La procureure de la
Cour pénale internationale parle de « fondement raisonnable » de
crimes de guerre.
Monsieur le ministre, que fait la France ? Notre voix, hier
en première ligne, s’est éteinte au fil des ans. Vous avez enterré la
résolution du Parlement pour la reconnaissance de l’État de Palestine. La
démission internationale et la nôtre encouragent l’escalade meurtrière et
colonisatrice de Netanyahou.
Qu’attendez-vous pour réagir à ces violations graves et
permanentes du droit international, à ces crimes de guerre établis et répétés,
autrement que par des mots creux et par d’indignes renvois dos à dos du pouvoir
criminel de Netanyahou et des victimes palestiniennes spoliées de leur droit à un
État ? (Applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST.)
M. Loïc Hervé. Et rien sur les civils israéliens ?
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État
chargé du tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie.
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du
ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé du tourisme, des
Français de l’étranger et de la francophonie. Monsieur le sénateur Laurent,
l’émotion est bien compréhensible, car nous avons tous ces images en tête.
Toutefois, permettez-moi de dire qu’elle n’est pas à géométrie variable :
nos pensées vont tout autant aux enfants qui sont morts à Gaza qu’aux civils
israéliens qui ont été tués. (M. François Patriat applaudit.)
M. Loïc Hervé. Très bien !
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État. La diplomatie à
l’œuvre n’est ni de mots ni d’émotion. Elle doit sans relâche rechercher, avec
constance et ténacité, les paramètres d’une paix durable. Par conséquent, la
position que nous défendons est très claire : l’escalade en cours est très
préoccupante. Le secrétaire général des Nations unies s’est exprimé, ce matin,
dans les mêmes termes. La France l’a également fait, sans ambiguïté.
Nous avons rappelé notre ferme opposition à la colonisation, aux
démolitions de structures palestiniennes, aux évictions qui ont été perpétrées
dans le quartier palestinien de Cheikh Jarrah, notamment. Ces dernières sont
illégales au regard du droit international, qui est très clair sur ce point.
Elles sont un obstacle majeur à la paix.
Mme Éliane Assassi. Il faut agir !
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État. Cependant, nous
condamnons également très fermement les tirs de roquettes…
Mme Laurence Cohen. C’est sans commune mesure !
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État. … qui, cette
nuit encore, ont fait plusieurs victimes, ce qui est inacceptable…
Mme Éliane Assassi. Chaque mort est inacceptable !
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État. Ils doivent donc
cesser immédiatement.
Que montrent toutes ces violences, sinon la nécessité d’un
processus politique crédible ? Force est de constater que, quelle que soit
la partie concernée, la situation politique n’est pas stabilisée, ce qui ne
favorise pas l’aboutissement d’une solution politique.
Toutefois, la France ne renoncera pas. (Mme Éliane Assassi
s’exclame.) Le Conseil de sécurité des Nations unies se réunit de nouveau
aujourd’hui, après la réunion de lundi dernier. Nous porterons d’une voix forte
la nécessité d’un processus politique crédible. La France se mobilise aussi aux
côtés de partenaires de bonne volonté comme la Jordanie, l’Allemagne ou
l’Égypte, dans le cadre d’échanges dont le format a été mis en place par
Jean-Yves Le Drian.
La tâche est ardue, voire aride, mais nous ne renonçons pas à
participer à l’élaboration d’une solution politique. (M. François Patriat
applaudit.)
M. le président. La parole est à M. Pierre Laurent, pour
la réplique.
M. Pierre Laurent. Monsieur le ministre, je vous le dis
solennellement, votre parole est indigne des responsabilités qui incombent à la
France face à une situation d’une telle gravité. (Protestations sur les travées
des groupes Les Républicains et UC.)
Vous ne pouvez pas renvoyer à un « dos à dos » que vous
pratiquez comme une fuite en avant de nos responsabilités. Ce qui est en jeu,
c’est Jérusalem-Est ! Vous savez très bien que c’est là le cœur de la
crise.
Si vous n’agissez pas, il ne se passera rien. Sans sanction,
Netanyahu ne bougera pas. Il se moque de la loi et du droit international, vous
le savez parfaitement. Il se moque même de la justice israélienne,…
M. le président. Veuillez conclure.
M. Pierre Laurent. … il faut des sanctions, il faut saisir le
Conseil de sécurité,…
M. le président. Il faut conclure.
M. Pierre Laurent. … et il faut suspendre l’accord
d’association entre l’Union européenne et l’État d’Israël,…
M. le président. Il faut conclure.
M. Pierre Laurent. … il faut agir vite !
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