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lundi 21 octobre 2019
Abandonner les Kurdes, c’est abandonner la lutte contre le terrorisme
islamiste
Offensive turque dans le nord-est syrien -
Ma question s’adresse à M. le ministre de l’Europe et des
affaires étrangères.
Après avoir donné à la Turquie son accord pour pénétrer dans le
nord-est de la Syrie, afin d’y créer une zone dite « de sécurité »,
le Président des États-Unis semble rétropédaler. Pour autant, aujourd’hui, des
chars et des véhicules blindés se dirigent vers la frontière ; une
offensive est imminente.
Pour les Kurdes, cette zone de sécurité équivaut à une zone de
péril et de mort certaine. États-Unis ou pas, de toute façon, Erdogan se moque
totalement du droit international et s’allie sans vergogne avec des mouvements
islamistes contre les Kurdes. Pourquoi se priverait-il ? À chaque nouvelle
offensive, aucune sanction réelle de la communauté internationale !
L’abandon programmé des Kurdes syriens ne constitue pas seulement
une faute morale ; c’est aussi une faute stratégique. Rappelons-nous bien
que, si l’État islamique n’existe plus aujourd’hui, c’est en grande partie
grâce aux combattants et combattantes kurdes – je pense notamment à ces femmes
formidables.
Faut-il désespérer de l’influence de notre gouvernement dans ce
conflit ? Le groupe CRCE attend une protection immédiate de nos amis
kurdes par l’ONU, seul symbole d’une future démocratie laïque au Moyen-Orient.
Et il faut des sanctions financières lourdes, voire un blocus et une mise au
ban de la Turquie.
Ne rien faire, c’est le déshonneur pour la France, monsieur le
ministre ! C’est aussi abandonner la lutte contre le terrorisme islamiste,
voire l’encourager indirectement. En France, nous avons malheureusement des
exemples de sa présence.
Monsieur le ministre, le retour de la paix dans cette région exige
maintenant des décisions fortes du gouvernement français et de la communauté
internationale. Il est grand temps !
J’espère que vous allez me donner des réponses concrètes, qui
montreront que la France agit effectivement dans ce conflit. (Applaudissements
sur les travées du groupe CRCE. – MM. Michel Amiel, André Gattolin et
Simon Sutour applaudissent également.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d’État
auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères.
M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État auprès du
ministre de l’Europe et des affaires étrangères. Madame la sénatrice, je
souhaite tout d’abord excuser l’absence de Jean-Yves Le Drian, qui se trouve
aujourd’hui à Lyon pour la conférence de reconstitution des ressources
financières du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le
paludisme.
Je crois que nous partageons tous très largement un immense
respect pour les combattants et les combattantes – vous l’avez souligné – des
forces démocratiques syriennes, qui sont notamment composées de Kurdes. Cette
organisation a joué un rôle clé dans la défaite territoriale de Daech, avec le
soutien de la coalition internationale.
Le courage de ces hommes, de ces femmes des forces démocratiques
syriennes, les FDS, les sacrifices qu’ils ont consentis appellent notre
reconnaissance. Le Président de la République a pu leur témoigner à plusieurs
reprises, au nom de la Nation, en les recevant au Palais de l’Élysée. Très
récemment encore, hier plus précisément, M. Emmanuel Macron a reçu le porte-parole
des FDS, Jihane Ahmed, et lui a fait part de sa préoccupation s’agissant de
l’opération turque.
Il est très préoccupé, car le combat contre Daech, qui se poursuit
aux côtés des FDS, reste notre priorité en Syrie. Il est donc important de
préserver ces forces, dans le contexte que vous avez rappelé. Mieux, il
convient de leur témoigner tout notre respect. C’est ce que nous disons aux
Américains, aux Turcs, avec clarté, avec franchise. Selon nous, seul le
dialogue politique permettra, dans la durée, de garantir une place, dans la
Syrie de demain, non seulement aux Kurdes, mais aussi aux autres minorités,
notamment les chrétiens.
Le courage et les sacrifices des Kurdes nous ont obligés hier, ils
nous obligent aujourd’hui et ils nous obligeront demain.
dimanche 6 octobre 2019
Le Parlement européen bafoue l’Histoire
Le
Parlement européen a voté il y a quelques jours une résolution scélérate censée
souligner l’« importance de la mémoire européenne pour l’avenir de l’Europe ».
En
réalité, cette mémoire est bafouée ligne par ligne, laissant présager un «
avenir » sombre pour l’Europe.
Visant à
mettre un trait d’égalité entre communisme et nazisme, ce texte mobilise des
considérants qui sont chacun des modèles de propagande et de révisionnisme
historique.
La
signature du pacte germano-soviétique est ainsi obsessionnellement désignée
comme cause principale du déclenchement de la seconde guerre mondiale.
Ce grossier
raccourci historique permet d’absoudre cyniquement aussi bien le
national-socialisme, son idéologie de mort et les régimes fascistes des années
30 que l’atermoiement meurtrier et parfois connivent des chancelleries
occidentales avec le nazisme, et la complicité active de puissances d’argent
avec les régimes fascistes et nazi.
Silence
est fait sur le Traité de Versailles et ses conséquences.
Aucun mot
n’est consacré aux Accords de Munich d’octobre 1938, ce « Sedan diplomatique »
qui a livré les peuples européens au « couteau de l’égorgeur »,
ce « début
d’un grand effondrement, la première étape du glissement vers la mise au pas »
comme l’écrivait dans l’Humanité le journaliste et député communiste Gabriel
Péri, fusillé par les nazis.
Tout le
faisceau de causes mobilisées par des générations d’historiens pour tenter
d’expliquer le déclenchement de la seconde guerre mondiale est bazardé au
profit d’une bouillie anti-russe sans aucun égard pour le sacrifice immense des
soviétiques dans l’éradication du nazisme.
S’il ne
fait aucun doute que le régime stalinien fut bel et bien un régime sanglant et
criminel, il est moralement et historiquement inconcevable de faire de l’Union
soviétique, de son armée et de tous ceux qui s’engagèrent avec elle,
communistes de tous pays acteurs décisifs du combat libérateur, des équivalents
des nazis et de leurs supplétifs collaborateurs, sauf à sombrer dans «
l’obsession comparatiste », névrose idéologique dénoncée par l’historien Marc
Ferro.
Les
communistes furent, dans de nombreux pays et avec l’appui de différentes
forces, gaullistes et socialistes en France, les artisans du redressement
national, créant un rapport de force qui permit l’édification d’institutions
républicaines et sociales sur les cendres du nazisme et des collaborations.
Est-ce un
hasard si cet héritage fait parallèlement l’objet de violentes attaques dans
tous les pays de l’Union européenne ?
Les pays
d’Europe orientale furent, quant à eux, des points d’appui décisifs dans les
combats anticoloniaux qui essaimèrent après guerre.
Noyer dans
le concept de totalitarisme des réalités historiques aussi dissemblables ne
peut apparaître que comme une escroquerie intellectuelle. Une telle entreprise
ne sert en aucun cas à poser un regard lucide et apaisé, pourtant
indispensable, sur les contradictions, crimes et fautes des régimes influencés
par le soviétisme et qui ont pris le nom de socialisme.
Cette
résolution s’appuie sur un considérant aussi grotesque que l’interdiction
formulée dans certains pays de l’Union de « l’idéologie communiste », semblant
acter des dérives revanchardes des extrêmes droites du continent en incitant
tous les Etats membres à s’y plier.
Signe qui
ne trompe pas, l’inféodation à l’OTAN est ici désignée comme gage de liberté
pour les peuples de l’est européen.
Cette
résolution fait la part belle au révisionnisme d’extrême droite quand les pays
baltes sont désignés comme ayant été « neutres » alors que ces derniers ont mis
en place bien avant le pacte germano-soviétique des régimes de type fasciste
laissés aux mains de « ligues patriotiques » et autres « loups de fer »,
suscitant un antisémitisme viscéral qui connaîtra son apogée sanglant dans ces
pays lors de la seconde guerre mondiale.
Incidemment,
la Shoah, sa singularité intrinsèque, et les logiques d’extermination
méticuleuses et industrielles du régime nazi sont fondues dans le magma des
meurtres du 20ème siècle et ainsi relativisées.
L’odieuse
équivalence entre nazisme et communisme permet d’exonérer les régimes
nationalistes d’inspiration fasciste des années 30 que des gouvernements et
ministres actuels d’Etats membres de l’Union européenne célèbrent ardemment.
Viserait-on,
par ce texte politicien, à réhabiliter ces régimes qui gouvernèrent de nombreux
pays d’Europe orientale avant de sombrer dans la collaboration en nourrissant
l’effort de guerre nazi et son projet d’extermination des juifs d’Europe ?
Ce texte
est une insulte faite aux 20 millions de soviétiques morts pour libérer
l’Europe du joug nazi, aux millions de communistes européens engagés dans la
Résistance et les combats libérateurs, un affront fait aux démocrates alliés
aux mouvements communistes contre nazis et fascistes, avant et après la seconde
guerre mondiale.
Au moment
où Mme Von der Leyen propose de nommer un Commissaire européen à la «
protection du mode de vie européen », célébrant un culte que l’on croyait
révolu à la pureté continentale, les thèses historiques révisionnistes des
droites extrêmes et réactionnaires, qui ont de toute évidence inspiré ce texte
scélérat, font leur entrée fracassante au Parlement européen.
Pendant ce
temps, aucun commissaire n’est nommé sur les questions d’éducation ou de
culture…
Thomas
Mann, vigie morale d’une Europe décomposée, écrivait : « Placer sur le même
plan moral le communisme russe et le nazi-fascisme, en tant que tous les deux
seraient totalitaires, est dans le meilleur des cas de la superficialité, dans
le pire c’est du fascisme.
Ceux qui
insistent sur cette équivalence peuvent bien se targuer d’être démocrates, en
vérité, et au fond de leur cœur, ils sont déjà fascistes ; et à coup sûr ils ne
combattront le fascisme qu’en apparence et de façon non sincère, mais
réserveront toute leur haine au communisme. »
Si
l’expérience qui a pris le nom de communiste au 20ème siècle ne peut être, pour
tout esprit honnête, résumé à la personne de Staline ou à une forme étatique,
tel n’est pas le cas du nazisme intrinsèquement lié à un homme, à un régime.
Et si le
communisme propose un horizon d’émancipation universelle, quoi qu’on pense des
expériences qui s’en sont réclamées, tel n’est pas le cas de l’idéologie nazie
qui se revendique raciste, réactionnaire et exclusive, portant la mort en
étendard.
Ces
simples arguments de bon sens disqualifient l’odieuse comparaison de cette
résolution.
C’est bien
la visée communiste, dont nous maintenons qu’elle ne fut jamais mise en
pratique dans les pays du bloc soviétique, qui est la cible de ce texte indigne
et inculte, et avec elle, la possibilité d’une autre société.
Que des
voix social-démocrates et écologistes aient pu soutenir pareille résolution,
mêlant leurs voix au Front National et aux extrêmes-droites continentales, est
le signe désolant de la lente dérive d’une frange trop importante de la gauche
européenne qui largue les amarres d’une histoire et d’un courant, ceux du
mouvement ouvrier, dans lesquels elle fut elle aussi forgée ; qui prête
également le flanc aux pires tendances qui s’expriment dans le continent.
Demain, un
maire, un élu, un député pourra-t-il se dire communiste sans enfreindre la
docte délibération du Parlement européen.
Et
l’Humanité pourrait-elle un jour passer sous les fourches caudines de la
censure imposée des droites extrêmes coalisées ?
Ne
plane-t-il pas là comme un parfum munichois, justement, face à une offensive
idéologique dont certains pensent pouvoir se satisfaire en rasant les murs ?
Tous les
démocrates, toutes les personnes attachées à la libre expression des courants
qui se réclament du communisme et d’une alternative au système capitaliste
devraient au contraire se lever contre cette inquiétante dérive qui nous
concerne tous.
Au risque
d’y laisser eux aussi un jour leur peau.
Patrick Le Hyarick
SÉCURITÉ
Incivilités, injures,
attaques physiques, menaces… : Les maires touchés par l’insécurité
·
3 octobre 2019
La commission des lois du Sénat avait envoyé un questionnaire aux 36.000
maires de France, après la mort du maire de Signes, pour évaluer l’insécurité
qui pèse sur ces élus. Cet évènement tragique a mis en pleine
lumière les violences auxquelles les élus locaux, et en particulier les
maires, sont confrontés dans l’exercice de leur mandat. Cependant, jusqu’à
présent, personne n’avait pris la mesure de cette situation.
Les principaux chiffres de la consultation :
- 3 812
élus participants (maires,
adjoints, conseillers municipaux ayant reçu délégation) ;
- 98
départements représentés
ainsi que la Nouvelle-Calédonie ;
- 92 %
des élus ayant
répondu ont été victimes d’incivilités,
d’injures, de menaces (et même des menaces de mort à l’encontre de 152
d’entre eux) ou d’agressions physiques ;
- 14 % des élus ayant
répondu ont subi des attaques physiques (coups,
gifles, attaques au couteau…), pour un total de
543 agressions ;
- Près
de 45 % d’entre eux ont été victimes d’agissements malveillants alors
qu’ils exerçaient leurs pouvoirs de police ;
- 19 %
des élus ayant répondu ont fait l’objet d’attaques sur les réseaux
sociaux ;
- 16,4
% des élus ayant répondu déclarent que leur famille et leurs proches ont également
été victimes de comportements malveillants ;
- 59
% estiment que les agissements
malveillants sont devenus plus fréquents depuis
les dernières élections municipales de 2014 ;
- Seuls
37 % ont saisi la justice à la suite d’une attaque physique ou verbale ;
- Seules
21 % des plaintes déposées ont abouti à la condamnation pénale des fautifs ;
- Plus de
80 % des élus ayant répondu estiment ne pas avoir reçu d’assistance
de l’Etat et déplorent l’insuffisance de leurs moyens de contrainte.
- De
manière encore plus préoccupante, seules 21 % des plaintes
déposées ont abouti à la condamnation pénale des fautifs,
certains élus locaux faisant part de leur perte de confiance envers la
justice.
Les sénateurs formulent 12 propositions pour renforcer
leur autorité et leur pouvoir de police.
- Élargir
à l’ensemble des élus communaux le périmètre de l’assurance obligatoire
de protection juridique.
- Attribuer
systématiquement la protection juridique aux maires victimes d’agression.
- Diffuser
à l’ensemble des parquets des orientations fermes de politique pénale en
cas d’agressions d’élus locaux.
- Adresser
aux préfectures des consignes claires pour permettre un dispositif
d’accompagnement systématique des maires agressés.
- Accompagner
les maires dans l’exercice de leurs pouvoirs de police, notamment par le
biais d’une meilleure formation.
- Renforcer
et sécuriser la possibilité ouverte aux maires de prononcer des
amendes administratives.
- Élargir
la possibilité pour les agents de police municipale de dresser des
amendes forfaitaires (ou timbres-amendes).
- Augmenter
le montant maximal de l’amende encourue en cas d’infraction à un arrêté de
police.
- Renforcer
l’information des maires sur les suites judiciaires données aux infractions constatées
sur le territoire de la commune.
- Assouplir
les conditions de mutualisation des polices municipales entre
intercommunalités.
- Négocier
des conventions de coordination plus précises au bénéfice d’une
meilleure complémentarité entre les forces de sécurité
étatique et les services de police municipale.
- Favoriser le déploiement de systèmes de
vidéoprotection et de caméras mobiles dans les communes.
Les marchands de sommeil
sont prévenus :
désormais, on confisque les biens sans indemnisation
|
La ville de Paris ne va pas indemniser un marchand de sommeil présumé du
18è arrondissement de Paris.
En effet, le 26 septembre dernier, le Juge de l’expropriation du tribunal
de grande instance de Paris a tenu compte des poursuites pénales engagées à
l’encontre d’un propriétaire soupçonné d’être un marchand de sommeil.
Cette décision du tribunal une grande première et une excellente
nouvelle pour Ian Brossat, adjoint à la maire en charge du
logement : "On marchait sur la tête ! Il était absurde que
des marchands de sommeil qui avaient sévis pendant des années se retrouvent à
recevoir un chèque des pouvoirs publics.
C'est une décision qui a vocation à faire jurisprudence et à être
dissuasive."
« Je garde en travers de la gorge le cas emblématique de la rue
Marx-Dormoy.
La Ville de Paris avait alors dû débourser 6,7 millions d’euros pour
indemniser le propriétaire », rappelle Ian Brossat.
Le Tribunal de Grande Instance de Paris s’appuie sur les dispositions de
la loi du 23 novembre 2018, dite loi Elan, qui prévoit la confiscation des
biens des marchands de sommeil « coupables de l’infraction de soumission à
des conditions d’hébergement incompatibles avec la dignité humaine ».
Cette disposition avait été obtenue suite à un amendent du député
communiste de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu.
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