A l’Elysée ce matin pour porter la voix d’une paix juste et
durable en Ukraine
Publié le 20
février 2025
A l’invitation
du président de la République, je me suis rendu ce matin à l’Elysée pour
participer, comme l’ensemble des chef•fes de parti, à une rencontre en présence
du Chef d’État-Major des Armées et un responsable des services du renseignement
militaire, sur les évolutions de la situation en Ukraine.
Après la
présentation par les deux militaires des menaces graves et multiformes que
ferait porter la Russie sur le continent européen en général et la France en
particulier et qui justifieraient selon eux, d’une part un réarmement massif de
la France et de l’Europe et d’autre part, le renforcement de la présence
militaire française aux frontières terrestres, aériennes et maritimes avec la
Russie, le président de la République a précisé sa vision de la situation en
insistant sur plusieurs points :
• Son
opposition à un cessez-le-feu sans l’accord de l’Ukraine qui signerait la
défaite de celle-ci.
• Le risque
majeur, selon lui, qu’aurait l’organisation d’élections en Ukraine qui
verraient « une victoire inacceptable de pro-russes ».
• Sa volonté de
dialoguer avec Donald Trump mais de ne pas s’engager dans un dialogue avec
Vladimir Poutine.
• Son souhait
de soutenir la demande de l’Ukraine d’intégrer l’OTAN.
• Ses démarches
en cours auprès des différents pays européens sur la base de cette ligne
stratégique.
• La question
des sacrifices à accepter pour s’inscrire dans une économie de guerre et pour
investir dans la souveraineté européenne en matière de défense.
Face à ces
interventions dignes de la Guerre froide et alors que pas une seule fois n’ont
été évoquées les menaces économiques, industrielles ou militaires que fait
peser sur les états européens le président des Etats-Unis d’Amérique, j’ai
rappelé au président de la République que le président russe n’avait
malheureusement pas le monopole des ingérences politiques en Europe et que les
déclarations récentes et répétées de responsables américains de premier plan en
faveur de l’extrême droite constituaient un risque bien réel pour nos
démocraties.
J’ai également
rappelé que la sécurité des peuples européens « de l’Atlantique à l’Oural » ne
pourrait passer que par un mécanisme de sécurité collective, tel que celui
imaginé en 1975 lors de la signature de l’acte final de la conférence
d’Helsinki, et implique nécessairement que le dialogue se construise avec
l’ensemble des parties prenantes du conflit dont le président de la Fédération
de Russie et le président ukrainien.
La guerre se
déroulant sur le sol européen, il revient à l’Europe et singulièrement à la
France, seule puissance nucléaire de l’UE, de proposer les conditions d’une
paix juste et durable sur le continent, comprenant :
·
le
départ des troupes russes d’Ukraine,
·
la
garantie de la neutralité de celle-ci,
·
l’arrêt
progressif des sanctions contre la Russie et le déploiement d’une force de
maintien de la paix sous l’égide des seules Nations unies.
La sécurité du
peuple ukrainien passe par ce cadre auquel il faut enfin s'atteler à nouveau :
la sécurité collective paneuropéenne.
Alors que la
perspective d’un envoi de troupes européennes sert d’une part l'objectif de
Donald Trump qui consiste à transférer le poids de la guerre à l'Europe et à
affaiblir durablement le continent et, d’autre part, celui de Vladimir Poutine
qui espère obtenir des gains décisifs dans cette guerre d’agression qu’il mène
depuis trois ans, j’ai appelé le président de la République française à tout
faire pour construire une véritable autonomie stratégique de l’Europe au
service de la Paix.
Une véritable
autonomie stratégique de l’Europe, c'est une politique indépendante de paix et
de sécurité collective, une politique permettant une nouvelle industrialisation
sur le continent et la garantie d’une souveraineté technologique de l’Europe et
de la France, en matière de défense.
Alors que le
président de la République enferme la France dans le front du refus d’une
perspective diplomatique et politique à la guerre en Ukraine au risque
d’accélérer une victoire russe sur le terrain et maintient la vassalisation de
la diplomatie française à la diplomatie américaine et à son bras armé que
constitue l’OTAN, j’ai réaffirmé la singularité de la voix de la France sur la
scène internationale et le besoin de porter une diplomatie indépendante
résolument en faveur de la Paix.
Fabien Roussel,
secrétaire national du PCF