La déferlante populaire
La présidente du groupe macroniste à l’Assemblée nationale, qui doit vivre
dans la stratosphère, avait déclaré dans la semaine, je cite : « On ne peut pas
avoir une poignée de personnes qui génèrent une pagaille pour des millions de
Français ».
On pourrait lui demander en retour pourquoi une petite poignée de responsables
politiques du pouvoir s’unit avec la droite des Républicains pour tenir tête à
l’immense majorité de nos concitoyens qui refuse la régression sociale qu’ils
projettent ensemble.
Ce même petit groupe, arc-bouté sur son idéologie ultra libérale, répand un
chapelet de mensonges dans les médias pour faire passer en force une
contre-réforme dont personne ne veut. Mais la messe ne prend pas.
« Sauver le système » clament-ils en cœur ! Or, le président du Conseil
d’orientation des retraites, auditionné ce jeudi à l’Assemblée nationale, le
dit lui-même : « les dépenses de retraite ne dérapent pas ; elles sont
relativement maîtrisées » ajoutant que « dans la plupart des hypothèses, elles
diminuent plutôt à long terme ».
La majorité de nos concitoyens a bien perçu qu’une nouvelle fois le pouvoir
procède à une telle contre-réforme pour réaliser des économies sur le dur
labeur des travailleurs. Toutes les enquêtes d’opinion, depuis des mois,
montrent l’ampleur du refus.
Jeudi, nous venons d’assister à une déferlante populaire inégalée depuis des
années. Haut niveau de grévistes, foule compacte dans les manifestations et
soutien massif de celles et ceux qui n’ont pas pu faire grève.
Il convient de noter –comme un indicateur social important- l’ampleur des
manifestations dans les métropoles régionales et dans les petites et moyennes
villes. L’unité syndicale rend plus fort les salariés, les retraités et les
jeunes. Ces derniers doivent savoir que ce sont eux qui subiront le plus lourdement
les effets de cette contre-réforme, si elle était adoptée.
Pire si on cédait aujourd’hui, ils seraient encore plus vulnérables demain avec
le projet caché de destruction de la Sécurité sociale. L’argument du président
de la République selon lequel « si nous voulons être juste entre les
générations et sauver notre système par répartition, nous devons faire cette
réforme » est simplement faux.
C’est l’exact contraire de ce qui est projeté comme l’avoue Denis Kessler,
ancien vice-président du MEDEF et président du groupe SCOR, qui appelle dans
une tribune dans le journal patronal « Les Échos » à accélérer le passage à la
capitalisation.
Rappelons que c’est le même Denis Kessler en 2007 dans un texte pour le
journal Challenges, écrivait, « le modèle social français est le produit du
Conseil national de la Résistance… Il est grand temps de le réformer. La liste
des réformes ? C’est simple, prenez tout ce qui a été mis en place entre 1944
et 1952, sans exception. Elle est là. Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945
et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance
». On a pu entendre le même appel à un système de retraite par capitalisation
de la part d’un dirigeant « LR » samedi matin à la radio.
Le vorace appétit du capitalisme le conduit aujourd’hui avec l’aide des
institutions internationales à accélérer ce programme. Le bras de fer n’est pas
entre les citoyens qui font grève et ceux qui ne la font pas. Il est entre les
puissances d’argent et leurs mandataires politiques contre les travailleurs,
les retraités et les jeunes. Le mouvement doit donc se poursuivre dans l’unité
la plus large. L’unité des forces politiques de gauche et de l’écologie
rassure, donne de l’élan et de la combativité au peuple travailleur.
Contrairement à ce qui se dit sur la prétendue légitimité d’un tel coup de
poignard antisocial, l'ampleur du mouvement confirme la non-adhésion populaire
aux choix macronistes depuis les élections présidentielle et législatives.
Rappelons que le total des voix cumulées des candidats macronistes et des
Républicains (LR) n’est que de 37% des suffrages exprimés et d’à peine 16% des
inscrits.
C’est parce qu’ils connaissent cette réalité qu’ils mènent une guerre éclair
contre la retraite en utilisant des procédures inusitées : l’accrochage de
cette contre-réforme à un projet de loi rectificatif du budget de la Sécurité
sociale qui limite la durée des débats au Parlement, puis l’utilisation
possible de l’article 47-1 de la Constitution qui permet après quelques jours
de discussion d’adopter un texte sans recours au fameux article 49-3 pour
éviter le dépôt d’une motion de censure.
Face à cette course de vitesse, le mouvement doit encore monter en puissance.
La journée d’action unitaire du 31 janvier doit être encore plus importante. La
déferlante populaire doit encore forte.
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