Pour le prélèvement à la
source des bénéfices des multinationales (Fabien Roussel)
40 % des profits des multinationales,
soit 600 milliards de dollars (529,5 milliards d’euros) échappent à l’impôt
grâce au transfert de bénéfices dans des paradis fiscaux via des mécanismes
bien connus.
GOOGLE vient une nouvelle fois d’en
faire la démonstration.
Leur efficacité est un camouflet infligé
publiquement aux Etats : en 2016, les entreprises américaines ont ainsi
enregistré plus de profits en Irlande qu’en Chine, au Japon, au Mexique, en
Allemagne et en France réunis.
Et sur ces profits colossaux, elles se
sont vu infliger le taux de… 5,7%.
Résultat, avec de telles pratiques,
l’Union européenne perd chaque année l’équivalent de 20% du montant de l’impôt
sur les sociétés.
C’est d’autant plus intolérable que
derrière "l'optimisation fiscale" se dissimule une sourde entreprise
de démolition du consentement à l’impôt.
En refusant de s’acquitter de leurs
impôts là où elles exercent leur activité, ces multinationales tournent
délibérément le dos aux principes fondateurs de notre démocratie.
Non seulement elles s’affranchissent du
pacte social sur lequel repose toute société civilisée, mais elles siphonnent
avec cynisme les recettes des Etats, par centaines de milliards de dollars
chaque année.
Concrètement, ce sont des écoles, des
hôpitaux en moins, des communes en souffrance, des services publics supprimés…
Cet abandon nourrit la colère des
peuples, soumis à des politiques d’austérité d’autant plus injustes qu’elles
prennent source dans l’égoïsme des plus fortunés.
Sur un champ de bataille, une telle
attitude porterait un nom : la désertion. Mais sur le vaste terrain du capitalisme
débridé, tous les coups sont permis, dans la négation désinvolte de toute
notion de solidarité.
A ce jeu-là, les peuples sont toujours
perdants.
Dans un tel contexte, la France peut
parfaitement agir de son côté et montrer le chemin d’une fiscalité plus juste.
Notre proposition de loi s’articule autour d’un principe simple et
compréhensible de tous : les multinationales doivent payer leurs impôts là où
elles réalisent leur activité et non dans les paradis fiscaux comme c’est le
cas actuellement.
C’est pourquoi nous proposons d’imposer
ces bénéfices avant qu’ils ne sortent du pays.
Si le « terrain de jeu » de ces
multinationales est mondial, alors adaptons notre fiscalité !
Nous pouvons prendre appui sur les
données mondiales de ces entreprises pour déterminer les bénéfices qui doivent
être imposables dans notre pays.
Prenons l’exemple d’une multinationale
active dans la vente en ligne et qui réalise 50 milliards de bénéfices au
niveau mondial.
La multinationale ne veut pas
communiquer le total de ses ventes dans notre pays ni ses bénéfices ? Grâce à
la TVA, nous pouvons connaitre son chiffre d’affaires.
Et si 15% de ce dernier se fait en
France alors 15% de ses bénéfices mondiaux seront imposés en France, soit 7,5
milliards d’euros.
Il est temps de mettre au
"PAS" les Nike, Mc Do, Starbucks ou IKEA.
Pour les géants américains du numérique,
les GOOGLE et autres Facebook, des propositions existent, émises par l’OCDE,
pour les qualifier juridiquement afin de pouvoir les imposer comme toutes les
entreprises françaises.
Le système que nous proposons fonctionne
déjà ailleurs, comme aux Etats-Unis, en Allemagne, au Canada, où un impôt sur
les sociétés peut aussi être perçu au niveau local.
Une telle réforme modifierait
complètement le paysage de la concurrence fiscale.
Elle rendrait caducs l’existence des
paradis fiscaux et indiquerait aux Etats le chemin à suivre pour faire rentrer
un argent qui n’aurait jamais dû s’échapper.
Il est grand temps de mettre un terme au fléau de la fraude et de
l’optimisation fiscale.
Fabien Roussel, député
du Nord,secrétaire national du PCF
(tribune publiée dans
le JDD du 6 janvier 2019
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