Île-de-France. Une cure de restrictions « jamais
vue »
JULIA HAMLAOUI
MARDI, 8 MARS, 2016
Avant que les élus n’en prennent connaissance, la présidente « Les Républicains » de la région, Valérie
Pécresse, a annoncé dans la presse les grandes lignes de son prochain budget,
contesté par la gauche.
«Une économie, jamais vue, de 120 millions d’euros
sur un an. » Valérie Pécresse, présidente « Les Républicains »
d’Île-de-France, n’est pas peu fière des coupes claires prévues dans son
prochain budget, qui ne doit pas être présenté aux élus avant vendredi en
commission et, officiellement, avant une dizaine de jours. C’est « plus de
5 % » du budget de fonctionnement que l’ancienne ministre du Budget
de Nicolas Sarkozy entend sabrer, a-t-elle annoncé hier dans le Figaro. Et
c’est à l’ancienne majorité de gauche que la nouvelle présidente fait porter la
responsabilité de sa propre politique : « La situation financière est
catastrophique. Tout doit être remis à plat. Il y avait un trou dans la caisse
de 440 millions d’euros », a- t-elle argué, hier. « Avec Mme
Pécresse, c’est, un coup, 500 millions ; un coup, 300 millions
de trou, et c’est toujours de la faute du (titre de transport – NDLR) Navigo
unique. Mais on attend toujours les éléments budgétaires relatifs à cette
situation », rétorque Gilbert Cuzou, conseiller régional PS. Pour la
présidente du groupe Front de gauche à la région, Céline Malaisé, « la vraie
difficulté, c’est la baisse des dotations de l’État, qui représente 120 à 130
millions pour 2016 justement, mais la majorité ne semble pas vouloir le dire
trop fort ».
Subventions revues à la baisse
Se vantant, avec des accents de revanche, de commencer une
« chasse au gaspillage », Valérie Pécresse a détaillé les mesures
phares de sa cure de restriction. Sous couvert d’efficacité, les dotations et
subventions accordées par la région devraient être revues à la baisse dans
plusieurs domaines. Ce sont d’abord les « 31 organismes associés à la
région » qui vont en faire les frais, puisqu’elle entend « les
fusionner », après avoir réduit leur dotation de 10 %. « Pour
l’Orchestre national d’Île-de-France, par exemple, l’économie demandée représente
la suppression de 10 à 15 concerts par an », constate Céliné Malaisé, qui
représente la région au sein de cet organisme.
Dans la droite ligne de la campagne « LR » de
décembre, qui proposait notamment de supprimer la subvention de Sortir du
colonialisme, organisateur chaque année d’une semaine contre le racisme, la
présidente du conseil régional veut arrêter de financer tant les
« associations n’ayant pas fourni de compte rendu d’activité », que
le « peuple sarayaku » en Équateur, par exemple, passant par la même
trappe une partie de la solidarité locale et la coopération internationale.
Mais c’est aussi le service Jeunes Violences Écoute qui devrait être supprimé,
au prétexte qu’il coûte, selon elle, « 1 million d’euros par an pour dix
appels par jour ». « Tout est vu au travers du prisme du coût et non
pas du bénéfice social », déplore Céline Malaisé.
Inégalités, exclusion
En retour de ce plan drastique, l’ancienne ministre du
Budget a aussi annoncé l’augmentation des investissements de la région de 70
millions d’euros (reste 50 millions qui disparaissent bel et bien, au vu des
120 millions d’économies annoncés). Si, dans les priorités fixées, figurent le
transport, l’éducation, la culture, les communes rurales (sans détail pour
l’heure), le « triplement des crédits à la sécurité », dont « 3
millions d’euros débloqués en urgence pour la sécurisation d’une centaine de
lycées », est également à noter.
Défaut de solidarité, inégalités, voire exclusion risquent
bien au final de devenir autant de marqueurs de la nouvelle politique régionale :
« Nous avons mis fin à l’injustice de la réduction de 75 % dans les
transports pour les étrangers en situation irrégulière », assénait hier
Valérie Pécresse, en référence à une disposition votée fin janvier avec le
soutien du Front national. D’autres mesures sont déjà sous le feu des critiques
de la gauche, à l’instar de celles sur le logement : « Quand est
annonce pour mars la fin des financements pour les collectivités ayant
30 % de logements sociaux, il s’agit d’une priorité très partisane, alors
que 57 % des Franciliens sont éligibles au logement social et très
social », lui reproche Gilbert Cuzou.
Quant aux salariés du conseil régional, ils devraient eux
aussi servir de variable d’ajustement : « Dans l’attente d’une
réorganisation des services », bientôt « décloisonnés et
simplifiés », « nous ne remplacerons pas les départs en retraite au
siège et je ne renouvellerai pas les CDD », a-t-elle martelé. Bienvenue
dans une région où l’austérité règne en maître.
Pécresse toujours plus à droite...
jusqu’à l’extrême
La rédactrice
en chef d'un jour
MARDI, 8 MARS, 2016
L'HUMANITÉ
Par Caroline De Haas, militante féministe.
Le programme mis en œuvre par Valérie Pécresse dans la
région Île-de-France va bien au-delà des propositions habituelles de la droite.
Elle s’approche même dangereusement de l’extrême droite. De fait, depuis 2012,
on a le sentiment que l’ensemble de la société glisse peu à peu vers la droite.
La gauche perd ses valeurs, la droite court derrière l’extrême droite. Et à la
fin, le Front national ramasse la mise.
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