Premier tour des élections
régionales 2015 -
Déclaration de Pierre Laurent
Les
premières estimations connues à cette heure des résultats du premier tour des
élections régionales confirment le grave état d'alerte social et démocratique
du pays.
Dans
notre pays, la France, où des millions et des millions de personnes souffrent
durement du chômage, de la précarité, du pouvoir de la finance sur nos vies et
sur notre travail, où l'angoisse du lendemain ronge la vie de tant de nos
concitoyens, où les attentats du 13 novembre ont ajouté la peur à toute cette
insécurité sociale, la menace est réelle de voir la droite et l'extrême-droite
diriger dimanche prochain la très grande majorité, et peut-être la totalité,
des 13 nouvelles régions. Ce serait une catastrophe que la très grande majorité
de notre peuple paierait cher.
C'est
une situation d'extrême danger pour notre pays car le Front national renforce,
après les élections européennes, sa place de premier parti politique. Le
racisme déclaré de son programme libéral-populiste constitue une mise en cause
explicite des valeurs d'égalité, de liberté et de fraternité de notre
République.
Dans
ce contexte, plus de 50% des électrices et des électeurs ont une nouvelle fois
choisi de s'abstenir, marquant leur défiance massive et désormais structurelle
à l'égard du fonctionnement de plus en plus défaillant de notre démocratie. La
colère contre tous les manquements à la parole donnée, aux engagements pris
aussitôt abandonnés dans les actes, continue de grandir.
Les
résultats portent évidemment la marque de la situation exceptionnelle dans
laquelle se sont déroulés ces élections. Les enjeux des élections régionales
ont été sciemment marginalisés. Depuis les attentats du 13 novembre, la peur
qu'ils ont suscitée et l'inquiétude provoquée par l'état d'urgence ont été
largement instrumentalisés et ont compliqué encore le scrutin.
Pourquoi
en sommes nous là? Parce que depuis des années les attaques des pouvoirs de
l'argent contre le monde du travail, les déréglementations de la mondialisations
capitaliste, les politiques ultralibérales européennes ont démantelé les
solidarités. Parce que la pensée unique dominante a matraqué toutes les
tentatives d'ouvrir un nouveau chemin de transformation sociale.
La
responsabilité des gouvernements successifs qui ont maintenu depuis dix ans,
contre l'avis d'une majorité du pays, le cap de politiques d'austérité de plus
en plus dures, appliquées avec des méthodes de plus en plus autoritaires, est
immense. L'impasse politique, économique, sociale dans laquelle ils se sont
acharnés à enfoncer le pays a nourri un rejet que plus rien ne peut arrêter.
La
montée du Front national s'est d'autant plus nourrie de ce rejet que la droite
des Républicains et de l'UDI et les dirigeants socialistes se sont dépensés sans
compter pour installer le Front national et, en faire leur principal
«concurrent», un repoussoir pour sauvegarder leur hégémonie. Ils ont eux même
banalisé ses idées, espérant ainsi étouffer tout espoir de transformation
sociale et favoriser leurs projets de recomposition politique. Le résultat est
le désastre politique auquel nous assistons. Jamais les communistes ne s'y
résigneront. Et nombreux avec eux sont les démocrates, les électeurs de toutes
les familles de gauche à ne pas accepter ce scénario mortifère. Leur
rassemblement dans l'action sera plus que jamais nécessaire.
Les
listes sur lesquelles les communistes étaient engagés avec le Front de gauche
et des forces citoyennes et écologistes ont travaillé à ouvrir un autre chemin,
contre l'austérité, pour la solidarité et le progrès humain partagé. Ce soir,
le score obtenu par les listes est un point d'appui pour les batailles à venir
et pour battre la droite et le Front national au second tour. Ces scores sont
certes encore très insuffisants. Nos ambitions demeurent pour l'avenir. Mais ce
soir, sans le respect de ces listes et de leurs électeurs, rien n'est possible
à gauche.
Ce
soir, une chose est certaine. Le grand défi de la nouvelle période politique
qui s'ouvre sera celui de la construction d'un nouveau projet de gauche
solidaire et fraternel pour notre pays et pour notre République. Ce projet doit
être un projet de solidarité, de prospérité partagée et de paix et non un
projet de guerre, de concurrence et d'égoïsmes réciproques. Dans les semaines
et les mois à venir, les communistes prendront à gauche, avec toutes les forces
citoyennes, sociales et politiques disponibles, toutes les initiatives
nécessaires à la construction politique de ce nouveau pacte d'avenir pour la
France, pour la conduite duquel les dirigeants actuels du pays sont totalement
défaillants.
Pour
le second tour, le PCF veut faire respecter la volonté des électeurs qui ont
accordé leur confiance aux listes citoyennes et du Front de gauche au premier
tour. Pour que ces électeurs soient représentés par des élus auxquels ils font
confiance, pour que les régions aux compétences élargies et utiles au
quotidien, comptent des élus à gauche déterminés à poursuivre les combats
contre l'austérité et par la promotion de politiques publiques de solidarité,
pour battre la droite et écarter le danger extrême du Front national, le PCF
appelle à construire des listes de second tour qui rassemblent les différentes
listes de gauche du premier tour. Dans ces listes, personne ne se rallie à
personne. L'addition de ces listes est la seule manière d'empêcher la victoire
totale de la droite et de l'extrême droite. Dans les assemblées régionales, les
élus communistes agiront librement sur la base de leurs engagements devant les
électeurs au premier tour pour faire avancer tout ce qui aidera notre peuple à
mieux vivre.
La
France ne pourra en rester là... Notre peuple est en demande de changement, de
rassemblement et de sens pour se sortir de l'impasse actuelle. Il est urgent de
mettre l'humain au cœur de toutes les questions sociales et non la finance.
Déclaration
de Pierre Laurent, Secrétaire national du Parti communiste français dimanche 6
décembre – 20 heures