vendredi 2 octobre 2009

Interwiew par Médiaseine

François Delapierre, 38 ans, ne démérite pas sa place de numéro deux du Front de gauche. Entre sauvegarde des acquis sociaux et lutte contre le modèle financier capitaliste, le candidat fait preuve d’une détermination qui pourrait bien le mener à la victoire.


François Delapierre, le Front de gauche, c’est quoi au juste ?

François Delapierre et le Front de gauche veulent mettre un coup de frein à la politique du gouvernement

F.D : C’est un rassemblement né aux dernières élections européennes qui regroupe le parti communiste français, le parti de gauche et la gauche unitaire (anciens du NPA). Aux dernières élections européennes nous avons commencé un travail , celui de représenter dans l’élection les français de gauche qui ont voté « non » au traité européen afin de défendre cette position au Parlement européen ,et faire émerger une nouvelle gauche dans ce pays. Une gauche sans concession avec la droite.

Où se place le Front de gauche dans le paysage politique français ?

F.D : Cette élection va le montrer de manière claire. On a la chance d’avoir les trois offres politiques à gauche. Le candidat socialiste qui est engagé dans une stratégie de recentrage qui est celle au niveau français et européen. C’est une gauche qui a sa légitimité mais qui ne met pas la question sociale au cœur de son combat.
Ensuite vous avez la candidature d’Alain Lipietz qui, dans Europe Ecologie, est très favorable à travailler avec des gens de gauche et de droite. De la même manière, il évacue la question sociale et le rôle de l’état et des services publics.
Enfin, il y a le Front de gauche qui remet en cause les logiques du capitalisme actuel qui n’a pas peur de dire que pour sortir de cette crise, il faut des ruptures avec, à la fois, le rouleau compresseur social que l’on voit se mettre en place et le productivisme qui détruit l’environnement.

Quelle est votre différence avec le NPA ? N’êtes vous pas un NPA édulcoré, la question peut se poser ?

F.D : Non. Il y a beaucoup de choses qui seraient en discussion avec le NPA. Je crois qu’il y a la même volonté de ne pas nous enfermer dans un système qui est voué à l’échec.
Le NPA Val de Seine est venu apporter son soutien à la candidature de François Delapierre
On le constate concrètement aujourd’hui. Ceux qui sont des idéologues acharnés et aveugles, ce sont ceux qui veulent continuer la politique libérale. Nous faisons les uns et les autres partis de cette gauche qui va à la racine des problèmes et qui n’a pas peur de proposer des vrais changements et de vraies ruptures.

À quel électeur de gauche s’adresse votre discours ?

F.D : A l’électeur qui veut dans cette élection mettre un coup d’arrêt à la politique de la droite. Une politique en échec et mauvaise pour notre pays. C’est une élection partielle, on sait que la majorité à l’assemblée ne va pas changer, mais cette élection a un enjeu et aura une résonance nationale.
L’UMP a décidé d’en faire un test en désignant David Douillet. Cette décision vise à éviter le débat sur le fond politique et ainsi à leurs éviter la sanction des électeurs.
Dans presque toutes les élections partielles, les candidats de l’UMP sont en net recul et ici, à l’inverse, ils espèrent remporter une victoire qui leurs permettra de mettre en œuvre leur politique.
Ils ont prévu pour cette rentrée des mesures contre lesquelles il faut s’exprimer dans cette élection. Ils ont prévu la hausse du forfait hospitalier, la mise en place de la taxe carbone et au début de l’année prochaine des attaques très importantes contre les retraites.
Il faut mettre un coup d’arrêt à tout cela en se mobilisant et en votant pour le candidat du Front de gauche.

Cette élection vous sert de test avant les régionales ou vous la considérez comme un vrai rendez-vous politique ?

F.D : C’est une élection qui va avoir une importance nationale. Le rôle d’un député ce n’est ni de gérer la commune ni de gérer la région. Il ne faut pas se mélanger et j’ai l’impression que beaucoup de candidats ont tendance à le faire.
Un bouclier social pour lutter contre la précarité des ménages
Qu’aura à faire le député ? Dès le mois d’octobre, il devra voter ou non sur le maintien du bouclier fiscal. Je voterai contre si je suis élu député. Au moment du débat sur le charcutage électoral, il devra soutenir ou s’y opposer, je dis clairement que je m’y opposerai.
Sur la loi de financement de la sécurité social, je me battrai pour la suppression de la franchise médicale je voterai contre. Ce sont là les questions posées à un député et les candidats doivent à leurs électeurs l’honnêteté de dire ce qu’ils en feront.

Pour vous, être issu de sa circonscription ne compte pas tant que cela quand on est député ?

F.D : Bien sûr que si, mais il faut comprendre le lien qui existe entre les problèmes de la circonscription et les problèmes nationaux. Par exemple, le problème de la situation des commerçants ne sera pas réglé si on ne redonne pas du pouvoir d’achat aux Français. Le problème de l’emploi automobile ne sera pas résolu par une action locale, c’est à l’évidence une politique nationale et européenne qu’il faut mener.
Pourquoi le site de Peugeot perd régulièrement des emplois ? Non pas parce qu’il n’est pas attractif mais parce que Peugeot a décidé de faire plus de 60% de production à l’étranger et ou nous sommes dans un système où il n’y a pas de protection aux frontières.
Quand on regarde bien toutes les questions locales, en réalité, ce sont des questions nationales et c’est au parlement de les traiter.

Quels thèmes vont être primordiaux selon vous dans cette élection ?
F.D : Je peux vous dire les thèmes sur lesquels nous allons faire campagne. D’abord sur la réponse à la crise. Il est invraisemblable de voir une campagne législative, alors que nous sommes dans une crise historique du capitalisme avec une explosion du chômage, que ces mots ne soient abordés par quasiment aucun des candidats.
La lutte contre le chômage : priorité des priorités
Qu’est ce que cela veut dire ? Soit qu’ils vivent bien loin de la réalité de la France populaire qui subit de plein fouet la crise, c’est sans doute le cas de beaucoup d’entre eux - je pense à M. Douillet - ou alors ils pensent que la France ne peut rien faire et que la puissance publique est incapable d’apporter des réponses à la crise.
Dans cette campagne, nous allons défendre des propositions qui sont des réponses et qui montrent que l’on peut faire tout à fait autrement que la politique du gouvernement qui ne fait qu’aggraver la crise.

Quel est votre avis sur l’A104 ?
F.D : L’A104 est un bon exemple. Il y a eu une consultation des citoyens organisée par les services de l’Etat, les élus se sont exprimés, dans la consultation publique des choses ont été dites dont l’Etat n’a tenu aucun compte au moment de décider le prolongement de l’A104 et de fixer son tracé. Comment expliquer un mystère pareil ? L’explication n’est pas si difficile. La direction du groupe Peugeot a exigé que l’A104 desserve le site de Poissy.
La consultation, les grandes promesses écologiques du gouvernement prises lors du Grenelle s’arrêtent dès que l’intérêt du patronat l’exige. C’est un problème démocratique majeur.
On ne réglera pas la question de l’A104, si on est pas capable de remettre en cause ses logiques qui consistent à faire décider des choses qui concernent l’intérêt général avec des impacts environnementaux considérables en fonction des seuls intérêts de quelques grands groupes industriels.
Le tracé retenu est une catastrophe et témoigne bien d’une non prise en compte de la qualité de vie des habitants. Tout est réduit dans ce débat à la domination de quelques intérêts privés sur l’intérêt des populations.

Le plan de relance à la filière automobile vous parait être une bonne chose ?
"La soumission de cette entreprise à la logique financière"

F.D : Je crois que Peugeot a commis des erreurs importantes liées à la soumission de cette entreprise à la logique financière. Il y a dix ans, ils ont arrêté les développements qu’ils avaient entamé sur la voiture électrique car les financiers qui font la loi considéraient que la rentabilité immédiate n’était pas assurée. Dès lors, ils ont pris un retard considérable qu’aujourd’hui ils ont bien du mal à rattraper.

C’est donc de leur faute...

F.D : C’est une certaine logique qui privilégie le court terme de la finance par rapport aux temps longs de l’investissement industriel. C’est un domaine qui doit être pris en charge par l’Etat mais celui-ci n’a plus de politique industrielle.
Il se contente d’enregistrer les exigences de grands groupes dominés par la finance. Il s’est privé des moyens qui lui auraient permis de se doter d’une politique industrielle. C’est tout cela que nous payons avec les difficultés que connaît la filière automobile.

François Delapierre peut-on tout imputer au système capitaliste ?
F.D : On peut lui imputer ce dont il est responsable. Aujourd’hui, le développement du capitalisme et sa logique intrinsèque d’accumulation sans limite remet en cause jusqu’au condition même de vie sur notre planète. Les ressources naturelles de la planète ne sont pas sans limite, elles.
C’est une contradiction majeure qui n’était pas visible, comme elle est aujourd’hui, au début du mouvement ouvrier et de la gauche mais, qui à elle seule, suffit à condamner ce système et à nous obliger à trouver d’autres manières de produire et de consommer qui soient compatibles avec la survie de l’humanité. Je n’ai retenu qu’une critique mais je la juge suffisante pour nous pousser à inventer un autre système.

Si vous êtes élu, comment contribueriez-vous à faire évoluer ce système imparfait ?

F.D : Je ne me fais pas beaucoup d’illusions, je me battrai bec et ongle dans le contexte d’une majorité de droite hostile mais je chercherai à faire avancer des idées.
Privatisation de la Poste : un référendum s’impose
D’abord, je me battrai autour de l’idée que la France n’a jamais été aussi riche de son histoire et que donc on peut partager les richesses. Ce n’est pas un bouclier fiscal qu’il faut mettre en place mais un bouclier social. Il faut avancer pour revaloriser les salaires en particulier le smic, revaloriser les allocations chômage.
Je me battrai sur un certain nombre de sujets pour engager la planification écologique qui permettent la transition vers des modes de vie plus respectueux de l’environnement. Par exemple le développement des transports publics.
La taxe carbone est un exemple complet d’hypocrisie. On veut taxer les Français qui utilisent leurs voitures et on ne leurs donne aucun moyen de faire autrement.
Je me battrai aussi pour défendre la souveraineté populaire. Nous sommes dans un régime qui concentre tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme. C’est très dangereux pour la démocratie. Je suis favorable à une 6e république.
Je défendrai également la propriété publique. Il n’est pas normal qu’un gouvernement puisse décider de vendre les biens des français, d’engager des privatisations de services publics alors qu’ils ne sont que des gestionnaires de la propriété de tous. Je me battrai pour que toute privatisation soit décidée par référendum ce qui est cohérent avec le combat que je mène avec mes camarades du front de gauche pour la défense de la Poste.

Quel regard portez-vous sur vos adversaires ?

F.D : Je regarde ce qu’ils écrivent. Je dois dire que le candidat du Modem est un des rares candidats à faire des propositions très précises et nationales dans son programme.
"Le candidat MoDem soumet un programme de droite aux électeurs"
Il reprend l’idée, du « travailler plus pour gagner plus » avec de nouvelles incitations aux heures supplémentaires. Il se prononce, par exemple, pour l’exonération des cotisations sociales pour les deux premiers emplois dans toutes les entreprises quelle que soit leur situation. Ce sont des mesures claires avec lesquelles je suis en total désaccord.
Au moment où le chômage explose ce n’est pas cela qu’il faut faire. On peut augmenter les salaires. Dans beaucoup d’entreprises, il y a les moyens de faire cela parce qu’ ils arrivent bien à augmenter les revenus des actionnaires.
L’idée de faire de nouvelles exonérations de cotisations sociales, nous avons fait le calcul, cela représente 8 milliard en moins pour la sécurité sociale c’est-à-dire une menace terrible pour nos retraites.
Le candidat MoDem soumet un programme de droite aux électeurs. C’est donc un programme que je vais combattre comme celui de M. Douillet, qui lui, se cache derrière son palmarès pour éviter de dire ce qu’il propose.

Quel score envisagez-vous de faire ? Celui des élections européennes ?

F.D : Nous allons faire mieux ! Dans cette élection, nous sentons en écho avec une bonne partie de l’opinion de gauche de la circonscription. Quand on s’engage dans une élection, on le fait d’abord pour faire avancer ses idées, ce n’est pas une course de chevaux.
Si vous faites moins de 5% vous le prendrez comme un sérieux revers ?

F.D : Je serai déçu bien sûr. Quand on se lance dans une bataille, on n’est jamais sûr du résultat. Ce n’est pas seulement quand on gagne que l’on a raison de se battre. Les raisons de se battre on les trouve dans ses propres motivations et dans la justesse de ses causes. Mais très franchement, je ne me situe pas dans cette idée.

Dernière question François Delapierre, la question qui tue, quelle est la plus petite ville de la circonscription ?
F.D : ... ... Davron ! Ouf, je reste en vie ! (Rires).

A noter :
François Delapierre a tenu à avoir un droit de regard sur cet entretien.

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